J’avais depuis longtemps envie de créer un site Internet (qui s’avérera finalement être un blog), mais c’est un projet que je n’aurais peut-être jamais réalisé si je ne m’étais pas fait agressé fin 2016, comme je le raconte dans « Police de classe ». En effet si je n’avais pas été si choqué et scandalisé par tout ce qui s’est produit d’anormal de mon point de vue à la suite de cette agression, peut-être que ce projet en serait resté à l’état de projet, à moins que, qui sait, peut-être pas, mais sans doute pas dans ce cas avec tout à fait le même contenu qu’il a aujourd’hui, la motivation initiale derrière cette envie restant toutefois quant à elle la même, à savoir partager avec qui le souhaiterait la conviction que j’ai acquise au sujet d’un point selon moi essentiel : la négation du néant, conviction qui m’a conduit à en déduire la nécessaire existence de Dieu. En effet puisque cette découverte à mes yeux avait contribué à calmer mon angoisse existentielle, en la rendant accessible sur Internet, je ne songeais bien modestement qu’à aider ceux qui comme moi, confrontés à cette même angoisse, auraient apprécié de pouvoir consulter un tel site, auquel moi-même j’aurais aimé avoir accès s’il avait existé quand cela me tourmentait.
J’avais certes déjà en réserve quelques textes écrits les jours, ou peut-être les nuits, où l’inspiration était venue à ma rencontre, mais le texte qui a tout déclenché est assurément « Police de classe ». Et une fois que je l’avais écrit, il n’y avait plus aucune raison que je m’arrête tant que j’aurais encore quelque chose à dire.
En ce qui concerne ce qui m’avait choqué et scandalisé, à savoir cette succession de mauvaises surprises que j’ai vécu à la suite de mon agression, cela a commencé par le fait qu’une fois conduit aux urgences dans la nuit par les pompiers, j’ai dû attendre le petit matin pour qu’enfin on daigne bien recoudre la plaie que j’avais à la tempe. Je pensais qu’aux urgences, on traitait d’abord les urgences (et une plaie ouverte à la tempe me semblait en être une) et ensuite les cas moins urgents, alors qu’à mon plus grand étonnement, j’ai eu l’impression de me retrouver dans une salle d’attente d’un cabinet médical en ville ouvert la nuit où chacun passait suivant son ordre d’arrivée. Et arrivé le dernier, je suis évidemment passé le dernier, c’est-à-dire en début de matinée, et il s’en est fallu de peu pour que ma plaie ne soit plus suffisamment fraîche pour pouvoir être recousue, opération qui me semble-t-il doit être effectuée dans les six heures.
A cela s’ajoute le fait que je suis reparti des urgences sans qu’on m’ait prescrit la moindre ITT. Je ne saurais jamais si c’était un oubli ou si c’est comme on me l’a dit parce qu’à l’hôpital on ne donnait pas de jours d’ITT, mais quoi qu’il en soit ne croyez surtout pas que je cherche en disant cela à accabler le jeune interne qui était de garde cette nuit-là, car vraiment il ne chômait pas. Toujours est-il que j’ai donc dû aller voir mon médecin traitant, qui heureusement donnait des consultations ce matin-là, afin qu’elle me prescrive les jours d’ITT que l’interne ne m’avait pas prescrit. A ma grande surprise, mon médecin ne semblait pas très ravie de devoir me prescrire cette ITT, mais finalement après m’avoir reproché au passage de venir sans rendez-vous (et j’aurais eu, admettez-le, beaucoup de mal à prendre rendez-vous dans ces conditions, alors qu’on m’attendait au commissariat pour recueillir ma déposition), elle m’a finalement accordé cinq jours à ce titre, en me précisant qu’elle ne pouvait pas plus. Je n’ai toujours pas compris la raison de cette réticence à me donner davantage, alors que depuis cette affaire je scrute les faits divers pour me faire une idée du nombre de jours d’ITT habituellement accordé en cas d’agression, et qu’à cette occasion je suis tombé notamment sur une affaire ayant eu lieu dans la région lilloise, où un conducteur de bus au visage de qui des jeunes avait jeté de l’eau de Javel avait reçu huit jours d’ITT, bien que les yeux de ce dernier avaient été protégées par les lunettes qu’il portait. J’ai en fin de compte compris que c’était en fait une loterie, et que ça dépendait du bon vouloir du médecin. Certains sont généreux et d’autres pas. Et je ne sais toujours pas pourquoi le mien ne l’a pas été avec moi, ce qui a tout de même eu pour conséquence de permettre au procureur, les violences qui avaient exercées contre moi ayant entraîné une ITT n’excédant pas huit jours, de ne pas considérer ces violences aussi gravement que si elles avaient donné lieu à une ITT supérieure ou égale à huit jours. C’est une subtilité du droit pénal que j’ignorais et que je trouve choquante, car avec ce genre de raisonnement on pourrait en déduire que, si d’aventure, au lieu de m’être fait agresser, on m’avait tiré dessus et raté, l’auteur du coup qui visait à me tuer aurait pu demandé à ne pas être poursuivi au motif que, m’ayant raté, je n’avais bénéficié d’aucune ITT, et qu’il devait donc être relaxé.
Vint ensuite bien sûr la manière scandaleuse dont la police a traité cette affaire (cf. « Police de classe ») et dont le procureur l’a quasiment classé sans suite. Je dis quasiment car formellement ça n’est pas en effet un classement sans suite, mais une mesure substitutive qu’on appelle composition pénale, bien que dans les faits c’est à peu de chose presque pareil, dans la mesure où, jugez vous-même, il a été décidé que mon voisin serait condamné à verser une amende de 200 euros au Trésor public ainsi que 200 euros à la victime que je suis.
Je connaissais les compositions écrites, les compositions musicales, les compositions florales, je sais maintenant qu’il existe aussi des compositions pénales, et franchement si ça n’est pas une forme de classement presque sans suite, ça y ressemble quand même beaucoup. Et pendant ce temps-là le complice de mon voisin, dont l’existence a été niée par la police, court toujours, et ne répondra jamais de son crime, car pour moi c’est bien plus qu’un simple délit, alors qu’au mieux dans le cas présent cela a été à peine qualifié de contravention.
Et tout ça plus de quatre ans après les faits, parce que les tribunaux sont débordés et les prisons surpeuplées. Franchement ça craint.
Alors finalement pour clore cette affaire, il y eut cette audience relative à ladite composition pénale, au cours de laquelle le délégué du procureur que j’ai vu en présence de mon voisin, m’avait demandé, afin de pouvoir classer le dossier, de lui envoyer un extrait de mon relevé de compte bancaire prouvant que mon voisin s’était bien acquitté des 200 euros qu’il avait été condamné à me payer. Un fois reçu par la poste, je le lui ai donc envoyé, mais accompagné du commentaire suivant au sujet de la somme « énorme » qui m’avait été allouée :
« Pas cher payé pour ce qui m’avait à l’origine été présenté comme des violences aggravées lorsque j’ai eu le malheur de dire qu’il y avait eu aussi violation de domicile (qu’au passage, on a même pas prise en considération). On m’avait alors répondu que je m’occupais à tort du fait qu’il y avait eu violation de domicile punie seulement de 6 mois d’emprisonnement, alors qu’il était question là de violences aggravées pouvant valoir à leurs auteurs plusieurs années de prison. Et finalement, il n’y aura non seulement pas eu un seul jour de prison fixé comme sanction à mon agression, mais en plus on estime qu’avec 200 euros je devrais me satisfaire de mon sort. J’imagine que si j’avais été un notable, hypothèse d’école car si cela avait été le cas je n’habiterais pas en HLM, on aurait été sûrement plus généreux. Car évidemment, dans mon cas, on considère que je n’aurais aucune difficulté, si j’en avais le projet, à trouver un chirurgien esthétique d’occasion qui accepterait de gommer moyennant ce montant astronomique cette cicatrice que j’ai à la tempe gauche, à supposer bien sûr que cela soit chirurgicalement possible. Ou alors on estime, que parce que j’ai eu le malheur de réagir trop excessivement en tapant du poing et du pied dans la porte de mon voisin, je le méritais bien. Mais on verrait ce que vous-même vous auriez fait si on vous avait craché dans votre boîte aux lettres après l’avoir pendant des mois bourrée de prospectus, et aussi d’une boîte de préservatifs, sans que cela n’ait jamais interpellé personne y compris au commissariat où nul ne s’est jamais demandé ce que mon voisin avait bien voulu me signifier en me glissant cette boîte de préservatifs dans ma boîte aux lettres, bien que selon moi en général ce genre d’acte a très souvent, si ce n’est toujours, une connotation sexuelle. Mais quand j’en ai parlé à celui qui était censé mener l’enquête (qui en fait n’a jamais eu lieu, ou si peu), celui-ci m’avait répondu que si cela lui était arrivé, il aurait jeté la boîte de préservatifs à la poubelle. Et on parle bien ici de l’unique preuve (avec les empreintes de mon voisin) dont je disposais, que ce monsieur de la police m’invitait à jeter à la poubelle. Étrange, ne trouvez-vous pas pour quelqu’un qui était censé enquêter, ou alors n’en avait-il jamais eu l’intention, puisque somme toute l’enquête n’a consisté à ma connaissance qu’à vérifier les appels téléphoniques qui avaient été passés approximativement au moment des faits (un peu avant et un peu après) par moi-même et mon voisin. Et tout cela parce que j’avais, encore sous le choc, eu l’idée saugrenue de penser que mon voisin avait dû appeler son complice au téléphone pour que celui-ci vienne l’aider à m’agresser. Bien sûr aujourd’hui je sais qu’en fait le complice en question était déjà dans l’appartement de mon voisin, et que si j’ai cru qu’il l’avait fait venir chez lui en l’appelant, c’est parce qu’encore sous le choc, sous l’effet d’une sorte de distorsion du temps propre, il me semble, à ceux qui viennent justement de subir un choc, je m’étais imaginé qu’il était seul chez lui avec sa compagne, et que donc il l’avait forcément appelé pour qu’il vienne lui prêter main forte. Et cela relativement vite pensais-je, ce qui supposait qu’il ne devait pas habiter très loin. Moi je croyais que le rôle d’un enquêteur était de vérifier toutes les hypothèses, alors que là on s’est juste contenté de prendre ma déclaration pour argent comptant. Ce n’était en fait pas une enquête, mais en gros juste un enregistrement de dépositions. Et pour ce qui est du complice, pour ne pas avoir à le rechercher, on a tout simplement décidé qu’il n’existait pas, et par conséquent l’arme qu’il avait dans sa main non plus. Franchement, si toute cette affaire n’est pas une injustice, je ne sais pas comment la qualifier. S’il y avait une justice, l’individu qui est censé n’avoir jamais existé et qui pourtant aurait pu être retrouvé si on ne m’avait pas tout bonnement envoyé « chier » (parce que même quand on envoie « balader » quelqu’un au moins y met-on les formes, et là pas du tout), cet individu, encouragé par son impunité, pourrait bien en effet récidiver, non pas que je le souhaite, bien au contraire, mais qui sait si cela devait être le cas si vous (c’est un vous global regroupant tous ceux qui ont participé à cette injustice de près ou de loin) ne pourriez pas vous-même en être la ou les victimes un jour prochain. Et donc pour conclure, je ne vous salue pas, et là encore c’est un vous global. »
Et voilà donc où tout cela m’a mené plus de quatre ans après les faits.
Je précise pour finir que je pourrais certes encore faire un recours au civil pour demander une réévaluation de mon préjudice, ou redéposer plainte avec constitution de partie civile, mais d’une part mon voisin semble avoir organisé son insolvabilité, et d’autre part je n’ai pas vraiment les moyens d’investir dans l’assistance d’un avocat, d’autant que les chances de succès, compte tenu de la chance que manifestement je semble avoir, sont aléatoires.
Donc maintenant je peux répondre à la question que je me posais dans « Police de classe », c’est-à-dire quand je me demandais si en plus d’une police de classe il avait aussi une justice de classe : je peux donc dire aujourd’hui qu’en fait dans mon cas, j’ai l’impression qu’il n’y a pas eu de justice du tout, et croyez bien qu’en le disant je suis bien conscient de ne pas être le seul en France à l’avoir vécu … hélas.
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