Le tout petit traité
Le néant n’existe pas, seul existe l’existant. Le néant, par définition (la définition du dictionnaire), c’est ce qui n’existe pas. Or ce qui n’existe pas, ne peut pas exister. Seul, ce qui existe peut exister, c’est-à-dire ce que j’appelle l’existant. L’existant existe et le néant n’existe pas, car le néant est justement ce qui n’existe pas : le néant n’est qu’une vue de l’esprit auquel je refuse de croire. En effet, je ne peux croire qu’en ce qui existe, et non en ce qui n’existe pas. Tout ce qui existe est fait d’être et non pas de non-être. L’être est la matière première dont est fait tout ce qui existe. L’être est ce mystère qui fait qu’une chose existe ou n’existe pas, car il n’y a pas d’autre alternative : soit on est, soit on n’est pas. L’être, c’est ce mystère qui donne de l’existence aux choses. Car l’être est bel et bien un mystère sans doute insondable. Être ou ne pas être, là est en effet bel et bien la question, Shakespeare avait raison. Je suis, c’est là ma réponse à cette question, sauf que je ne sais pas ce que cela veut dire, être. Je ne connais pas les conditions requises pour être, je ne sais pas ce qui fait qu’une chose est alors qu’une autre n’est pas. Je ne sais même pas ce qu’est précisément le « Je » de « Je suis ». Est-ce que par exemple l’inconscient fait partie du moi. Je n’en suis pas personnellement persuadé. Je sais que l’inconscient existe, puisque je rêve et que parfois même je m’en souviens, ce qui signifie très clairement qu’il existe une activité inconsciente du cerveau, mais est-ce que cette activité, parce qu’elle se déroule à l’intérieur de mon cerveau, est constitutive de ce qui fait ce moi qui est le mien. Intuitivement, j’ai tendance à croire que ce moi n’est vraiment que ce que je suis là et maintenant, c’est-à-dire mon moi conscient à l’instant présent, mais je n’en aurai sans doute jamais ni la preuve, ni la certitude. L’être existe depuis toujours, il est éternel. Il n’a pas été créé, car, toujours d’après le dictionnaire, créer, c’est tirer du néant. Or du néant, on ne peut rien tirer. On ne peut tirer quelque chose que de l’existant. Le sculpteur, pour prendre l’exemple le plus simple, ne tire pas sa sculpture du néant, mais de la pierre dans laquelle elle était déjà présente potentiellement ou virtuellement sans que personne ne la voit, à part l’artiste qui l’a rendue visible. La forme, qu’à coups de marteau, il a dégagée, était déjà présente dans le bloc de pierre qu’il a sculpté. Créer, ce n’est donc pas, contrairement à ce qu’on croit, tirer quelque chose du néant, mais tirer cette chose de l’existant où elle était depuis toujours de manière potentielle ou virtuelle. Créer, c’est donc en fait révéler, mais ce n’est qu’une question de définition.
L’être est forcément infini, car s’il était fini, au-delà des ses limites (s’il est fini, il est limité), il y aurait le néant, qui lui au contraire n’aurait pas de limites et serait donc infini. Cf. schéma ci-après. Cela signifierait que ce qui est censé ne pas exister, existerait en fait à l’infini. Cela me semble absurde, d’autant que si le néant était infini, pourrait-il vraiment coexister avec une « oasis d’être » dans cet « infini désert » ? Cet îlot d’existant ne serait-il pas en effet pour le néant une limite intérieure ? Or par principe, ce qui est infini n’est-il pas exempt de toute limite, sauf à ne plus être vraiment infini, puisque limité ne serait-ce que par ce petit morceau fini d’être perdu au milieu de cet infini néant ? La question mérite au moins d’être posée, voire débattue et j’admets bien volontiers que le débat puisse rester ouvert sur ce point et non clos par mes soins. Mais le fait que nous soyons nous-mêmes faits d’être et pourtant à priori finis n’a rien de contradictoire avec le fait que l’être lui-même puisse être infini. En effet, par quoi l’être infini pourrait-il donc être empêché de se diviser et subdiviser, fût-ce à l’infini ? En revanche ce qui serait bien plus contradictoire, sinon absurde, serait de m’entendre dire un jour que le néant puisse être, tout en étant censé être ce qui n’est pas.
Enfin, l’être éternel et infini est aussi absolu. Il est tout, tout ce qui existe. Il n’y a rien en dehors de lui. Et quand j’observe ce qui existe, du moins ce que je peux en percevoir au travers de mes sens, je constate qu’il y a des lois : la gravitation universelle, les lois de la physique - chimie, bref les lois de la Nature. Or, c’est mon postulat : TOUTE LOI EST L’EXPRESSION D’UNE VOLONTÉ. Les lois sous l’ancien régime étaient l’expression de la volonté du Roi, les lois actuelles sont censées être l’expression de la volonté du Peuple souverain. Et puisqu’il y a des lois de la Nature, c’est que la Nature, elle aussi, dispose d’une volonté. Mais avoir la capacité de vouloir ne servirait à rien si parallèlement à ça, on ne savait pas ce qu’on veut. La Nature ne possède donc pas seulement la volonté, mais aussi la connaissance de ce qu’elle veut. Mais avoir la connaissance ne suffit pas non plus pour faire acte de volonté, il faut encore pouvoir comprendre cette connaissance et savoir s’en servir, bref il faut être intelligent. Et pourrait-on être tout cela en en étant inconscient ? Ainsi, la Nature serait donc un être conscient, doué d’intelligence et doté de volonté : Dieu ne serait-il pas dès lors le mot du dictionnaire qui convienne le mieux pour désigner cet Être ? Ce que je crois, Spinoza résumait par cette phrase : « La Nature, c’est-à-dire Dieu », à moins que ça ne soit « Dieu, c’est-à-dire la Nature » ? Par nature, on a aujourd’hui tendance à voir un peu trop restrictivement les arbres et les petits oiseaux. Bien sûr, c’est aussi ça la nature. On gagnerait cependant à penser la nature dans le sens « la nature des choses » ou encore « la nature humaine » … c’est-à-dire ce qui se cache derrière toute chose, qui se trouve derrière tout ce qui est. Et pas question ici de jugement de valeur, pas question de parler de bonne ou mauvaise nature, puisqu’elle est tout, c’est-à-dire à la fois une chose et son contraire. Elle peut comme chacun sait être aussi belle que cruelle. Tous les goûts ne sont-ils pas dans la nature ? Ce qui ne nous dispense pas, quant à nous qui avons été gratifiés d’un libre arbitre de nous positionner par rapport au bien et au mal forcément relatifs, le bien et le mal absolus n’étant qu’illusion source de conflits, voire de guerres, aucune n’étant sainte par ailleurs, à part peut-être celle que l’on mène en nous contre nos mauvais penchants ou mauvais instincts. J’ai personnellement la chance de ne pas m’épanouir dans la méchanceté comme cela peut arriver à certains et je n’ai donc en quelque sorte pas eu vraiment besoin de choisir mon camp qui heureusement n’est pas (petit clin d’œil) celui du « côté obscur de la Force ».
Le néant et l’existant
Si le néant existait, les mots se contrediraient. En effet, néant signifie ce qui n’existe pas. Dire que le néant existe revient donc à dire que ce qui n’existe pas existe. C’est absurde. Mais raisonnons par l’absurde et admettons que le néant existe. Celui-ci ne peut être qu’infini, car s’il était fini qu’y aurait-il au-delà du néant (si ce n’est le néant lui-même) ? Cf. schéma ci-dessous :
Comme il ne peut y avoir qu’un seul infini, car s’il y en avait deux (ou plusieurs) ils se limiteraient respectivement l’un par rapport à l’autre ou s’interpénétreraient mutuellement, il nous faut supposer que ce qui existe, l’existant, est quelque chose de fini au sein du néant infini (cf. schéma ci-dessous)
Cet existant est-il éternel ou a-t-il été créé ? Créer, c’est tirer du néant, rendre existant. Dire que l’existant a été créé revient à dire qu’il a été tiré du néant où à priori il se trouvait. Mais s’il s’y trouvait (à l’état latent), c’est qu’il existait déjà (à l’état latent) en tant qu’existant. Et s’il existait déjà, c’est qu’il est éternel … mais fini. Fini, mais peut-être extensible, car à priori, dans cette hypothèse, plus on crée et plus, qui sait, l’existant grossit, s’étend, un peu comme l’univers dans la théorie du Big Bang. Mais l’existant n’est pas seulement l’univers. L’existant, c’est tout ce qui existe, et l’univers n’est peut-être pas tout ce qui existe. Voilà donc ce qu’il en serait si l’existant était fini, mais si les mots ont un sens il est infini, car comme je l’ai déjà dit, si le néant est ce qui n’existe pas, alors le néant n’existe pas et seul existe l’existant infini. Infini, parce que s’il était fini, comme dans le schéma précédent, au-delà de l’existant, il y aurait le néant qui lui serait infini. L’existant est donc infini et éternel, puisque ne pouvant avoir été créé, il a de ce fait toujours été. Et cet existant éternel et infini comporte des lois auxquelles est soumis tout ce qui existe. Or toute loi est l’expression d’une volonté. En conséquence, l’existant est doué de volonté qui à mes yeux n’est autre que celle de Dieu. Donc Dieu et l’existant ne font qu’un. Dieu c’est l’être absolu. En fait, ce n’est ni plus ni moins que le mystère de l’être, ce mystère qui donne de l’existence aux choses, qui fait qu’une chose est ou n’est pas.
Le temps et le mouvement Au commencement, si on peut évidemment parler de commencement pour ce qui est éternel (ce qui est éternel en effet ne saurait avoir en principe de début, ni sans doute de fin, sauf à admettre qu’on puisse être éternel et pouvoir se suicider ou plus exactement pouvoir s’anéantir (*), ce qui semble pour le moins bizarre). Au commencement donc (admettons que l’on puisse parler de commencement), il y avait tout et non pas rien. Car s’il n’y avait rien, il y aurait le néant et donc ce qui est censé ne pas être serait, ce qui est absurde, non ? Au commencement, il y avait donc l’existant éternel, infini et absolu constitué d’être et non pas de non-être. Il y avait cette matière première mystérieuse dont est fait tout ce qui est, bref il y avait le mystère de l’être doué de conscience, de volonté et d’intelligence : il y avait l’Être, c’est-à-dire Dieu ou la Nature. Il y avait tout, mais tout était figé, immuable et donc immobile. En effet, ce qui est éternel est immuable, ne change pas, ne bouge pas, à l’image du diamant dont on dit qu’il est éternel parce que justement il reste toujours le même à travers le temps. Or, à moins de n’être qu’une illusion, aujourd’hui le mouvement existe. C’est donc qu’au-delà du mystère général de savoir pourquoi il y a quelque chose au lieu de rien, il y a aussi ce mystère particulier de l’apparition du mouvement et donc de la naissance du temps, ou plus exactement de sa mise en mouvement, la montre existant déjà mais les aiguilles ne tournant pas encore. C’est un mystère du même ordre que peut l’être le passage du sommeil à l’éveil, encore que l’exemple n’est pas idéal, car quand on sommeille, on n’est en principe pas conscient, alors que dans le cas de l’être qu’il soit figé ou en mouvement, la conscience est, elle, toujours bien en éveil, si je puis dire. En éveil, mais non active tant que l’être reste figé.
Le temps existait donc comme principe ou concept et cela depuis toujours, mais sans être actif, car la fonction du temps est de pouvoir mesurer le mouvement. Or, en l’absence de mouvement, il n’y a rien à mesurer : il y a juste l’éternité immuable. Cela me rappelle cette scène du film DARK SHADOWS dans laquelle l’acteur Johnny DEEP, qui interprétait le rôle d’un vampire, avait été enchaîné, et enfermé pour le deuxième fois dans un cercueil, par son ennemie, la sorcière, puis abandonné par elle dans un cimetière pour pensait-elle encore cette fois-ci plusieurs siècles, alors qu’un jeune garçon le libérait peu après, surprenant Johnny DEEP qui se demanda immédiatement combien de temps, combien de siècles s’étaient écoulés depuis qu’il était ainsi prisonnier, bien qu’en fait cela ne faisait que vingt minutes, tant il semble vrai que privé de toute stimulation sensorielle, ce qui suppose au moins une action et donc un mouvement, on peut en venir à perdre la notion du temps.
La naissance du mouvement est un mystère en tant que commencement mais non en tant que principe ou concept, car évidemment en tant que principe le mouvement (tout comme le temps) existe déjà depuis toujours. En effet, la connaissance de ce qu’est le mouvement ou le temps est éternelle, comme la connaissance en général ou plus exactement la science, puisqu’elle ne peut en aucun cas être sortie du néant, ce qui serait le cas si elle n’était pas éternelle. Ainsi si l’on prend l’exemple de la roue, même si à ce jour on ne l’avait pas encore inventée, le principe lui selon lequel un objet circulaire traversé par un axe central tourne sur lui-même, ce principe, ce concept ou ce savoir-là est de toute éternité. Tout mouvement est un déplacement sous l’action d’une force. Une chute par exemple est un déplacement de haut en bas sous l’effet de la gravité, la pensée, un déplacement de mot à mot ou d’idée en idée guidé par la réflexion en principe volontaire, le rêve, un mouvement continu ou non d’images ou de situations loufoques à l’intérieur de notre cerveau dirigé par l’inconscient, etc.. Mais tout mouvement suppose toujours un début ainsi que, sinon une fin, au moins une finalité. Ainsi, même s’il était perpétuel, le mouvement aura toujours un commencement et tendra toujours vers une fin, même si celle-ci, dans le cas du mouvement perpétuel, peut sembler n’arriver jamais. La naissance du mouvement apparaît donc comme une brisure d’éternité, comme une vitre qui vole en éclat ou comme une fluctuation de ce qui jusque là était immuable, et donc immobile, figé.
(*) Dieu peut-il être considéré comme tout puissant, s’il ne peut se suicider ou plus exactement s’anéantir, c’est-à-dire se transformer en non-être, lui qui est l’être par essence ? Il est tout puissant sur l’être qu’il est, mais n’a aucune prise sur ce qui n’existe pas, c’est-à-dire le néant. En clair, il est éternel, existe mais n’est pas né et ne peut retourner là d’où il n’est pas venu : du néant. Mais il peut évidemment revenir à son état originel, c’est-à-dire se figer à nouveau s’il le souhaite et mettre fin au mouvement, et donc à la vie bien sûr.
L’éternel, l’infini et la perfection
Ce qui est éternel est immuable (c’est-à-dire toujours pareil, en somme comme figé) et donc à priori fini, limité. L’infini peut-il être figé ? L’infini ne suppose-t-il pas en effet l’idée d’un mouvement perpétuel, l’idée de quelque chose qui ne finit jamais, qui est toujours en cours ... de finition. En outre, seul ce qui n’est pas en mouvement peut à priori être délimité, ou du moins beaucoup plus aisément. Il faut que le groupe par exemple s’il est très important soit à l’arrêt pour pouvoir compter le nombre qui le compose. En mouvement, ce serait sinon impossible au moins beaucoup plus difficile. Dès lors comment l’éternel pourrait-il être éternel et aussi infini si logiquement il est immuable, et donc à priori fini, c’est-à-dire délimité ? Ce qui est infini, par principe ne finit jamais, ce qui suggère l’idée d’un mouvement : il faut toujours aller au-delà pour essayer de trouver cette fin qui n’arrive jamais. Il n’y a pas de limites. Si on en fixait une, il suffirait de la franchir pour trouver un nouvel espace à explorer jusqu’à la nouvelle limite que l’on fixerait ou à laquelle on se heurterait et ainsi jusqu’à ce qu’à nouveau on puisse la franchir à son tour, etc.. à l’infini. Aucun mur invisible ou pas ne viendrait interrompre une course qui se voudrait sans fin à travers l’infini. Il ne saurait y avoir d’achèvement. Or seul ce qui est achevé est parfait. C’est quand le travail est fini, qu’il est parfaitement achevé. Tant qu’il est en cours, il ne saurait être achevé et donc parfait (*). Est-ce à dire que ce qui est infini est imparfait ? Je n’ai pas la réponse à cette question. En revanche, si ce qui est éternel devrait à priori être fini car en principe immuable, ce qui est fini n’est pas forcément éternel. Nous pouvons en effet tous le constater autour de nous en observant la quantité astronomique des objets finis périssables. D’où la question : ce qui est éternel est-il en fait obligatoirement fini ? N’y a-t-il pas d’exemple de chose qui pourrait être à la fois éternelle et pourtant infinie ? Je crois que si justement : l’espace ! L’espace en effet peut être pensé comme quelque chose d’à la fois infini et éternel, en tout cas quelque chose qui s’il n’interdit pas l’idée d’infini, n’exclut pas non plus en rien l’idée d’éternité. En effet, l’espace s’il est vide ne saurait connaître de mouvement. Il serait donc immuable et pourtant infini. L’espace peut donc se concevoir comme étant à la fois infini et éternel. Donc si l’espace peut être conçu comme tel, l’Être peut-être aussi, non ? En ce qui me concerne, l’Être est forcément à la fois éternel et infini, car sinon ce serait le néant qui le serait, alors que le néant est justement censé être ce qui n’est pas. En outre, si c’était le cas, je ne serais pas là pour me le demander, car je n’existerais pas, ni plus que vous.
Et si je me trompais, la seule réponse qui me vienne est de dire que puisque l’existant est tout ce qui est, il est forcément à la fois tout et son contraire. Et donc toute contradiction apparente deviendrait nulle. Oui mais dans ce cas alors me dirait-on pourquoi ne pas admettre l’ultime contradiction, celle selon laquelle le néant existerait, celle de la coexistence de l’être et du néant ? Personnellement, je ne crois pas au néant, car je ne peux pas croire que ce qui est censé ne pas exister, existerait en fait ou plutôt coexisterait avec l’existant. A mes yeux, il ne peut pas y avoir l’être « et » le néant, mais l’être « ou » le néant. Or, comme apparemment nous existons, c’est donc que le néant n’existe pas. En tout cas moi, je refuse d’y croire, car cela voudrait dire que les mots n’ont plus de sens. Et par voie de conséquence, je ne peux que croire en Dieu, c’est-à-dire au mystère de l’être. Bien sûr, d’aucuns diront que si certes le rien ne peut pas engendrer le tout, peut-être que le tout peut néanmoins contenir le rien. Tout ne serait pas dans rien, mais rien pourrait être dans tout. Je veux dire que le rien en tant que principe, concept, en tant qu’idée, pourrait se concevoir dans le tout, alors le tout ne pourrait en aucun cas être inscrit dans le rien. Mais, si cela était vrai au niveau de l’idée, cela le serait-il aussi de manière réelle ou concrète ? Je ne le crois pas, car il n’y a en fait jamais vraiment rien. Quand le verre est vide, on dit qu’il n’y a rien dedans, et pourtant il contient quand même de l’air, ce qui n’est pas rien. Et même, si ce verre vide était flottant dans le vide de l’espace infini, son contenu ne serait pas rien, puisqu’il y aurait le vide dedans, et bien qu’on ait tendance à les confondre, le vide n’est pas le néant. Le vide, ce n’est pas rien, alors que le néant oui. A vous qui lirez de trancher.
(*)Notons tout de même que nous sommes nous-mêmes finis et pourtant à priori imparfaits, alors à contrario peut-être que ce qui est infini n’est pas d’emblée forcément imparfait non plus, qui sait ?
Causerie imaginaire
Tout peut se trouver sur internet. Donc pourquoi pas Dieu aussi. Pourquoi ne pas en parler ou en chatter. C’est ce que j’ai fait. Ça n’a pas évident, mais j’ai eu de la chance et en voici le résultat. J’ai eu des tas et des tas de conversations avec des tas et des tas d’interlocuteurs différents, que par commodité, je résumerai en un dialogue fictif entre deux personnages : l’autre, que j’aurais pu appeler elle ou lui mais que pour ne pas lui attribuer un sexe j’appellerai tout simplement X, et moi. -Moi : Tu crois donc en Dieu ? -X : Oui, mais ça ne veut rien dire. -Moi : Comment ça ? -X : Quand on voit ce qui se passe au Proche Orient où deux peuples s’affrontent pour une terre au nom de Dieu, le même Dieu qui leur a pourtant interdit de tuer, on peut et on doit rester prudent. Dieu, celui en qui ils croient, ne leur a pas dit : « Tu ne tueras point de juifs mais tu pourras tuer des musulmans ou inversement tu ne tueras point de musulmans mais tu pourras tuer des juifs » ; il leur a dit tout simplement « tu ne tueras point », point final. Et voilà qu’ils s’entretuent au nom de ce Dieu auquel ils disent croire. Et je parle du Proche Orient, parce que malheureusement c’est d’actualité, mais j’aurais pu tout aussi bien parler de la Saint Barthélemy ou des croisades, tant les exemples ne manquent pas. Avant de parler de Dieu, il convient de se mettre d’abord d’accord sur ce que l’on entend par Dieu. -Moi : Alors en quel Dieu crois-tu ? -X : Le Dieu auquel je crois pourrait être celui dont parle Spinoza. Je n’ai pas la prétention d’être un spécialiste de cet auteur, mais le peu que j’en sais me laisse à penser que c’est le même Dieu auquel je crois. En fait, je crois en Dieu parce que je ne crois pas au néant. -Moi : Quel rapport entre Dieu et le néant ? -X : Toute la question est là. Je ne crois pas au néant car, c’est mon postulat, le néant n’existe pas. En effet, par définition, la définition même du dico, le néant c’est ce qui n’existe pas. Or, ce qui n’existe pas ne peut exister. Donc le néant n’existe pas, ce n’est qu’un mot, un concept pour expliquer la création, puisque créer c’est tirer du néant. Or du néant on ne peut rien tirer, puisque le néant n’existe pas. On ne peut tirer quelque chose que de ce qui existe, c’est-à-dire de l’existant ou de l’être si tu préfères. J’appelle l’existant ce qui existe par opposition au néant qui est ce qui n’existe pas, ou si tu préfères l’être, c’est-à-dire ce qui est par rapport au non-être qui n’est pas. Et ce qui est, eh bien c’est Dieu. En tout cas, c’est ce que je crois.
-Moi : C’est à la fois simple, voire simpliste, et très compliqué ce que tu affirmes là. Il y a plusieurs questions dans ton affirmation : d’abord en quoi l’existant et Dieu ne font qu’un et ensuite si le néant explique la création et que tu ne crois pas au néant, alors en quoi crois-tu ? -X : En effet, il y a plusieurs questions. A laquelle veux-tu que je réponde d’abord ? -Moi : Dis-moi déjà en quoi l’existant et Dieu ne font qu’un. -X : Je ne crois pas au néant, je crois donc en l’existant et quand je regarde ce qui existe, l’univers pour faire simple, je vois un monde ordonné, un monde soumis à des lois, des règles, des principes. Or, c’est là le second de mes postulats, il n’y a pas de loi sans volonté. Toute loi est l’expression d’une volonté. Les lois qui régissent notre société sont l’expression de la volonté du peuple, alors qu’elles étaient celle du roi sous l’ancien régime. Je n’ai trouvé aucun exemple de loi sans volonté derrière. Et puisqu’il existe un univers régi par des lois (loi de la gravitation etc..) alors il existe forcément une volonté universelle derrière toutes ces lois, les lois de la Nature, les lois de la physique-chimie, les lois de Dieu. Car s’il existe une volonté à laquelle est soumis tout ce qui existe, alors pourquoi ne pas donner au titulaire de cette volonté le nom que tout le monde connaît et reconnaît : Dieu ! -Moi : Tu mets Dieu et la Nature sur le même plan. Veux-tu dire qu’ils ne font qu’un ? -X : Pas tout à fait. D’abord quand je dis la Nature, ce n’est pas seulement aux arbres et aux petits oiseaux que je pense, mais à la nature des choses. Ensuite, ce que je crois c’est que Dieu n’est pas seulement la nature de la chose mais la chose elle-même. Bref, il est tout, l’absolu et donc nous en faisons partie sans le savoir, peut-être un peu à la manière des neurones qui composent notre cerveau grâce auquel nous pensons, alors qu’individuellement aucun de ces neurones n’est à priori capable de penser et n’a la conscience d’appartenir à ce tout qu’est le cerveau. -Moi : S’il est le tout, alors il est à la fois le bien et le mal. -X : Absolument, à ceci près que le bien et le mal ne sont pas des valeurs absolues mais des valeurs relatives. Je ne crois pas au bien ou au mal absolu. Une chose n’est bien ou mal que par rapport à une autre. Et pour le reste, ce qui est bon ou mauvais est un mystère auquel je n’ai pas accès et donc sur lequel je ne me prononcerai pas. -Moi : Qu’en est-il alors du diable ? -X : C’est là l’affaire des religions, pas la mienne. Mais si tu veux mon avis, Dieu et diable ne font qu’un. Et c’est d’ailleurs ce qui transparaît du livre de Job dans lequel le diable propose à Dieu de mettre Job, son plus fidèle serviteur, à l’épreuve, ce que Dieu accepte. Or celui qui a le pouvoir d’accepter a aussi celui de refuser, le diable n’ayant pas à priori celui de s’opposer à ce refus, du moins tel qu’il apparaît dans ce livre. -Moi : Tu te rends compte que ça peut être choquant ?
-X : Mon propos n’est pas de dire si Dieu est bon ou mauvais, mais s’il existe ou n’existe pas. Or pour moi, il existe, ça ne fait aucun doute. -Moi : Ne pourrait-il pas y en avoir plusieurs ? -X : Non, car il n’y a qu’un seul Être, ce mystère qui fait qu’une chose est ou n’est pas, ce mystère qui donne de l’existence aux choses. Dieu est absolu et infini. Il est le Tout et rien n’existe en dehors de lui. S’il n’était pas infini alors cela signifierait par voie de conséquence qu’il est fini et qu’au-delà de cette finitude existerait le néant qui lui en revanche serait infini. Or comme je te l’ai déjà dit, je ne crois pas au néant. C’est donc forcément que Dieu est infini … et absolu. -Moi : Tu disais aussi que le néant n’était qu’un concept pratique pour expliquer le création. Mais si tu ne crois pas au néant, comment peux-tu croire à la création ? -X : Qui t’a dit que je croyais à la création ? Hé non je n’y crois pas davantage qu’au néant. Ou alors ce n’est qu’une question de définition, car pour moi créer ça n’est pas tirer du néant mais tirer de l’existant. En fait créer, suivant cette définition, c’est tout bonnement révéler. Pour moi un créateur c’est avant tout un révélateur de ce qui existe, car tout existe déjà. On invente rien, on révèle juste à chaque invention ou « création » une part de l’existant éternel. Car Dieu est éternel. En effet, s’il ne l’était pas, cela voudrait dire qu’il a été lui-même créé, c’est-à-dire tiré du néant par un autre dieu plus grand que lui et ainsi de suite à l’infini. -Moi : J’ai du mal à concevoir que les peintres, les écrivains, les sculpteurs ne soient pas des créateurs mais juste des révélateurs. Un livre ne serait-il pas qu’un assemblage des feuilles blanches sans le talent de l’écrivain ? -X : Tous les livres, toutes les peintures, toutes les sculptures existent déjà. Elles n’attendent que celui ou celle qui les révélera. -Moi : Tu affirmes mais tu ne prouves rien ! -X : Juste un exemple, le plus simple, celui du sculpteur. Pour créer son œuvre, il a besoin d’un bloc de pierre ou de marbre qu’à coups de marteau il taillera pour finir par en extraire une forme : la sculpture ! Cette forme existait déjà dans la pierre brute mais seul son œil d’artiste la voyait. Il n’a fait que révéler ce qui se trouvait déjà dans la pierre à l’état latent. -Moi : Admettons que tu aies raison pour l’acte de créer, mais pour ce qui est de celui d’inventer tout de même ce n’est pas pareil. Avant l’invention de la chose quelle qu’elle soit, la chose n’existait pas. -X : La chose peut-être pas, mais le principe de la chose, lui, oui. Par exemple, même si nous n’avions pas encore inventés la roue, le principe de la roue, c’est-à-dire le principe selon lequel un objet circulaire tourne sur un axe passant par son centre, lui, est de toute éternité. Il existerait quand bien même l’objet que constitue la roue n’aurait pas encore été mis au point.
-Moi : Tu veux dire que le principe des choses est éternel ? -X : Oui, je crois que les choses n’existent dans la réalité qu’à partir du moment où on les « crée », mais que le principe des choses existe depuis toujours, attendant quelque part dans l’existant que quelqu’un veuille bien les transposer dans la réalité. C’est là en quelque sorte ma religion, si on veut. -Moi : Dieu serait donc cet existant infini et éternel qui serait doté de volonté ? Mais de quoi concrètement se composerait cet existant ? -X : A vrai dire, à ce sujet je suis comme tout le monde, réduit à faire des hypothèses, car je ne suis que moi et non pas Dieu, qui cependant n’est pas seulement, selon moi, cet existant infini, absolu et éternel doté de volonté, mais aussi un existant doué d’intelligence, car même si je ne sais pas au juste ce que c’est que l’intelligence, je sais que l’intelligence existe et donc à ce titre que l’intelligence fait partie intégrante de l’existant. -Moi : Tu dis en être réduit à faire des hypothèses sur la question de savoir de quoi se compose concrètement cet existant qu’est Dieu, mais tu dois bien avoir un avis sur cette question ? -X : Matériellement peut-être que ce serait l’Énergie, mais alors pour moi cette énergie aurait ceci de particulier qu’elle serait intelligente. Toutefois, ce n’est qu’une hypothèse comme finalement tout ce en quoi je crois et qui n’engage que moi. -Moi : C’est quoi au juste l’énergie ? -X : Il vaudrait mieux poser la question aux scientifiques qui ont réussi à la mettre en équation. Moi, je ne sais pas. Je sais juste qu’elle existe !
La nature de l’être ?
Ce qui existe, et que j’appelle l’existant (par opposition au néant qui est en principe ce qui n’existe pas), tout ce qui existe donc est fait d’être et non pas de non-être (de non-être, c’est-à-dire de néant). Il n’y a pas d’autre alternative : soit on est, soit on est pas !
Puisque ce qui existe est fait d’être, l’être est de ce fait ce qui existe, et donc à priori l’être se confond avec l’existant. Il en résulte l’équation suivante : être = existant.
La nature, elle, pour résumer, c’est en gros ce qui est derrière tout ce qui est. Par exemple, la nature humaine est ce qui se cache profondément en chaque homme ou être humain.
Puisque tous les êtres (qui sont fait d’être et non pas de non-être) ont une nature, en résulte-t-il pour autant que l’Être, c’est-à-dire ce qui compose tout ce qui est, en a une aussi ? Y a-t-il en effet une nature de l’être même dont sont faits tous les êtres et les choses ?
La nature existe, et est donc fait d’être comme tout ce qui existe. La nature, c’est donc aussi de l’être. La nature de l’être serait par conséquent également constituée d’être. Parler de nature de l’être reviendrait à dire que ce qui se trouve derrière l’être, c’est de l’être. Quel intérêt ?
En principe en découle donc l’équation suivante : nature = être, et puisque en vertu de l’équation précédente être = existant, en toute logique, on en vient à ce que être = nature = existant. Il s’agirait en fait de façons différentes en somme de parler de la même chose. Il y aurait comme une sorte d’unité derrière ces différents termes, unité qui pourrait selon moi se résumer dans le terme de Dieu qui est cette volonté et cette intelligence qui se retrouvent dans les lois qui régissent l’univers existant.
L’équation finale serait par conséquent : être = existant = nature = Dieu = Mystère, et j’insiste sur mystère, car moi je ne sais pas au juste ce que c’est qu’être, ce qui fait qu’une chose est ou n’est pas, ce qui donne de l’existence aux choses. Je sais juste que je suis, mais je ne sais pas ce que ça veut dire, ni d’être, ni exactement ce qu’est le « je » de « je suis », ou le moi si on préfère. Qui peut dire d’ailleurs qu’il se connaît vraiment ? En effet si tout le monde se connaissait, comment expliquerions-nous alors que tant de gens qui se cherchent ont recours à des psy pour qu’ils les aident à se trouver ?
En conclusion, si je ne sais pas ce qu’est l’être, je ne sais pas davantage ce qu’est la nature, pas plus que je ne saurais jamais ce qu’est exactement Dieu. Et à mon avis, personne ne saura jamais. D’ailleurs imaginez qu’un jour quelqu’un réussisse à percer ce mystère, ne deviendrait-il pas lui-même Dieu, sans en avoir sûrement toute la sagesse et tout le recul nécessaires, un dictateur tout-puissant en quelque sorte, de quoi vous donner la chair de poule, vous ne trouvez pas ?
Si Dieu était une personne …
Si Dieu était une personne, cette personne serait-elle Dieu le père (et pourquoi pas Dieu la mère ?), Dieu le fils (et pourquoi pas Dieu la fille ?), le Saint Esprit (un esprit peut-il être une personne ?), Jéhovah, Yahvé, Allah, Bouddha, Zeus, Vishnou, Krishna, Shiva … ?
Si Dieu était une personne, quelle sorte de personne serait-il ? Ne serait-il pas, si l’on se fie à l’état du monde, un dictateur tout puissant, souvent cruel et injuste, favorisant les plus forts au détriment des plus faibles, bref une personne qui plairait beaucoup aux despotes de tous poils et à leurs admirateurs en tous genres. Ce Dieu-là serait-il aimable ou haïssable ? Selon moi, il n’aurait que faire de mon amour pourvu qu’il ait ma soumission et ma crainte à son égard. Ma crainte serait automatique (comment en effet ne pas redouter un tel personnage ?), et quant à la soumission, elle est inscrite de but en blanc dans le seul fait d’exister, puisque exister c’est se soumettre de facto aux lois de la nature, c’est-à-dire à la volonté de ce Dieu.
Comment exercerait-il sa toute puissance ? Directement ou en passant par des intermédiaires ?
On pourrait en effet imaginer qu’il délègue tout ou partie de sa toute puissance à des collaborateurs, qu’on les appelle dieux, diables, déesses, anges, démons ou que sais-je encore, qui seraient en somme comme des sortes d’intermédiaires entre lui et nous.
Alors à votre avis, Dieu est-il une personne, et si oui quel genre de personne est-il ?
Personnellement, je me demande quand même pourquoi il choisirait d’être une personne en particulier alors qu’il pourrait les être toutes à la fois.
Surnaturel ?
Fantômes, esprits frappeurs ou que sais-je d’autre encore, le surnaturel existe-t-il ?
Si oui, l’équation Dieu = Nature est forcément fausse, car cela voudrait dire que le mystère de l’être qu’est Dieu de mon point de vue ne se limiterait pas à la seule nature, mais pourrait aller au-delà. Dieu pourrait se surpasser en quelque sorte, la nature étant son état habituel, la surnature étant l’état qu’il pourrait lui arriver d’adopter exceptionnellement. Ou alors si cet état s’avérait ne pas être volontaire de sa part, cela signifierait que des forces en lui (qui est l’Être même selon moi, sauf si on considère qu’il pourrait être seulement une partie de cet être, fut-ce cette partie être le principe ou la nature même de l’être ou quel que soit le nom que vous voudrez bien donner à cette partie-là, qui de toute façon ne pourrait être fait que du même mystère que le reste, à savoir le mystère de l’être : bref on tourne en rond), lui échapperaient. Et cela voudrait dire qu’il n’est pas tout puissant, puisque étant incapable de contrôler ces forces surnaturelles qui ne lui sont donc pas ou ne lui sont plus soumises. Ces entités, qui seraient donc faites d’être (ne pouvant être faites de non-être), se seraient en somme libérées de la domination que Dieu exerce sur la totalité de lui-même, c’est-à-dire sur l’Être qu’il est. Il ne se maîtriserait ainsi plus tout à fait, n’ayant de contrôle que sur une partie, fut-elle majoritaire, de lui-même.
Pourrait-il dès lors toujours se prévaloir d’être Dieu auquel me semble être attaché le principe de toute-puissance. Se pourrait-il qu’il y ait alors plusieurs dieux, déesses ou autres qui se disputeraient tous le contrôle de tout ou partie de l’être dont ils sont eux-mêmes faits ? Et que serait donc que cet être qui les compose et qui n’aurait pas de volonté propre ?
Il n’y aurait donc en fait jamais eu de Dieu en tant que tel, mais des dieux qui lutteraient pour s’accaparer le pouvoir, c’est-à-dire le contrôle de tout ou partie de l’être. Ce serait donc un état de guerre permanent, sauf si on les imagine conclure entre eux des pactes de non-agression qu’il pourrait leur arriver toutefois de ne pas toujours respecter, ou qu’il y ait entre eux une hiérarchie. La volonté qui imprime les lois qui régissent l’univers, voire peut-être le multivers, ne serait par conséquent pas unique, mais serait l’œuvre d’un accord collectif. Après tout pourquoi pas.
Sinon plus simple serait de considérer que ce que nous qualifions de surnaturel, et qui me semble à ce jour n’avoir jamais été prouvé, serait en fait tout à fait naturel. En effet, les forces surnaturelles, à supposer qu’elles existent vraiment, ne pourraient-elles pas être simplement des phénomènes tout à fait naturels, mais qu’à ce jour nous ne comprenons pas et que nous sommes donc dans l’incapacité d’expliquer, à supposer que nous le puissions un jour dans le futur, ce qui est quand même très incertain ? C’est un peu la même problématique qu’on retrouve à propos de l’immatériel. En effet l’immatériel existe-t-il vraiment et si oui son essence est-elle naturelle ou pas ? Et évidemment pour moi, la Nature étant avant tout immatérielle, par conséquent l’immatériel est forcément naturel.
Intelligence et Volonté de Dieu
Pour moi, Dieu se confond avec l’Être ou la Nature, car tout est naturel, y compris d’ailleurs l’intelligence artificielle, puisqu’aux dernières nouvelles elle a été conçue par l’Homme, qui à ma connaissance est bien un produit de la nature, ce qui fait que la distinction que l’on a tendance à faire entre intelligence artificielle et intelligence naturelle me semble du coup fort artificielle, d’autant qu’avant de comparer ces deux formes d’intelligence, il faudrait commencer, je crois, par trouver une définition incontestable de l’intelligence. Or ne sachant pas à priori définir l’intelligence naturelle, comment pourrions-nous le faire pour l’intelligence dite artificielle ?
Mais cela dit, on peut néanmoins se demander si l’intelligence et la volonté qui se dégagent de l’Être qu’est Dieu sont associées à une individualité ou à une collectivité d’individus. En effet étant le tout, Dieu est-il l’ensemble de tous les êtres, avec toutes leurs différences et leurs contradictions, réunis dans un tout individualisé, à la manière des neurones d’un cerveau qui regroupés au sein de la boîte crânienne permettent à la personne qui l’abrite d’exprimer son individualité, ou est-il la collectivité de tous les êtres existants qui exprime sa volonté de la même manière qu’une société d’individus peut prendre des décisions, ou qu’en son sein peuvent naître des idées, des opinions ou des courants de pensée ?
Et si c’est la deuxième option qui l’emporte, alors pourquoi n’y aurait-il qu’une seule collectivité ? Il pourrait y en avoir plusieurs qui tantôt s’uniraient ou tantôt se feraient la guerre, un peu comme dans notre monde en somme.
Quoi qu’il en soit vraiment, il y aura de toute façon toujours au moins quelque chose qui restera forcément unique : le mystère de savoir ce que c’est d’être, ce qui fait qu’une chose est ou n’est pas, ce qui donne de l’existence à tout ce qui existe. Car ce mystère-là ne peut qu’être unique. Je ne vois pas en effet comment il pourrait y avoir d’autre alternative : soit on est ou soit on n’est pas. On ne peut pas être tout en n’étant pas, pas plus qu’on peut ne pas être tout en étant quand même. Je ne vois pas comment cela pourrait être possible, ou alors il faudrait peut-être inventer de nouveaux mots ou même tout un nouveau vocabulaire pour essayer de donner du sens à ce qui n’en a pas. Et là bon courage.
Et pour ce qui est des lois et des forces qui régissent l’univers, sont-elles l’œuvre d’une intelligence et d’une volonté uniques ou multiples ? Personnellement, j’opte pour la première hypothèse, mais bien sûr chacun est libre de choisir la deuxième, même si alors je continuerai à penser pour ma part que cette multiplicité est bien obligée individuellement d’être faite de cette même matière qu’est l’être, celle-ci ne pouvant être qu’unique, puisque s’il y a bien sûr une multiplicité de façon d’être, chaque être quel qu’il soit et où qu’il se trouve ne peut être fait que de ce même mystère qui donne de l’existence à tout ce qui est. Car à part l’être, je ne vois rien d’autre qui puisse le remplacer sinon le néant, et si bien sûr il était, nous ne serions évidemment pas là pour nous poser toutes ces questions, puisque le néant est la négation de l’être, d’où mon étonnement qu’on puisse même concevoir que le néant puisse être, les deux s’excluant en principe mutuellement, sauf à supposer bien sûr que le néant n’est pas vraiment le néant, mais quelque chose d’autre, une nouvelle forme d’être en somme.
L'image de Dieu
Dieu, dit-on, a créé l’Homme à son image. Donc si cela s’avère exact, l’image de l’Homme et celle de Dieu se confondent. Il suffit alors de regarder l’image de l’Homme pour voir celle de Dieu. Bien sûr pour commencer, il ne faut évidemment pas confondre l’image et l’apparence, Dieu pouvant avoir à priori toutes les apparences qu’il veut. L’image représente selon moi la façon dont on imagine Dieu, ou l’Homme par voie de conséquence. L’image de Dieu ne nous ayant pas été dévoilée, on peut donc toutefois la déduire de celle de l’Homme qui, elle, nous est connue. De cette image on pourrait dire des tas de choses. Je me contenterai juste personnellement de me demander si cette image est bonne ou mauvaise. Et manifestement pour moi, elle est mauvaise. En effet, il suffit de regarder l’état dans lequel l’Homme a mis la planète sur laquelle nous vivons, pour en conclure que cette image ne peut pas être bonne. La Terre en effet, ce que je ne crois pas, serait peut-être pour d’aucuns la seule planète abritant la vie dans tout l’univers. Or, l’Homme, qui se voudrait bon, n’a rien trouvé de mieux à faire pour prouver sa bonté que de rendre cette planète de moins en moins habitable. Alors, si c’est ça être bon, on peut légitimement se demander ce qu’il en serait si l’Homme avait été mauvais. Toutefois, je crains qu’aucune autre espèce vivant actuellement sur Terre ne ferait mieux si, d’aventure après la disparition de l’Homme, elle évoluait suffisamment pour acquérir un cerveau aussi volumineux que le nôtre. En effet, comme je crois que les sentiments et les émotions sont universels, je suis persuadé que même les animaux les ressentent. Certes, peut-être pas de la même manière ni pour les mêmes raisons que nous, mais je suis néanmoins convaincu qu’un animal autre que l’Homme, puisque l’Homme appartient toujours malgré tout au règne animal, peut tout à fait, comme l’Homme, être joyeux ou triste, peut tout à fait aimer ou détester, etc. Je ne crois pas en effet que ce soit le propre de l’Homme. Aussi si une espèce comme celle des rats par exemple, dont on dit qu’elle pourrait survivre à une guerre nucléaire, évoluait au point de développer les mêmes capacités intellectuelles que nous, leurs sentiments et leurs émotions suivraient sans doute également le même chemin que celui que nous avons pris au cours de notre propre évolution. Déjà, si cela devait arriver, je pense que ces rats évolués, qui se diraient peut-être alors humains, nous ressembleraient sûrement beaucoup physiquement, car leur évolution pour acquérir nos capacités intellectuelles les aurait probablement conduit à se redresser pour libérer leurs membres supérieurs, au bout desquels se seront alors formés ce que nous appelons des mains. Et ainsi de fils en aiguilles, s’ils en venaient à atteindre notre niveau technologique, ils inventeraient aussi probablement l’argent, et avec l’argent viendrait la cupidité, c’est-à-dire la même cause qui nous a conduit là où nous en sommes aujourd’hui.
Du coup, pour en revenir à l’Homme, si on admet que son image est mauvaise, celle de Dieu ne devrait logiquement pas être meilleure, sauf qu’on peut tout aussi bien imaginer que l’Homme aurait pu être meilleur que ce qu’il est aujourd’hui en ayant pris un autre départ ou s'il avait évolué dans d'autres conditions, Dieu étant le tout, c’est-à-dire à la fois le meilleur et le pire, l’Homme quant à lui ayant le choix entre les deux. Aussi même si l’humanité a choisi la voie qui l’a mené là où en est le monde actuel, on peut aussi penser qu’en d’autres circonstances, elle aurait pu emprunter un autre chemin, qui aurait pu être meilleur, sait-on jamais ?
En tout cas, personnellement, la meilleure représentation que j’ai pu trouver de Dieu est celle qu'on utilise généralement pour se figurer le Yin et le Yang, c’est-à-dire traditionnellement par un cercle (un cercle parce que bien sûr le cercle est considéré comme la plus parfaite des formes existantes symboliquement dans un plan en deux dimensions) bicolore, en général noir et blanc, divisé en deux parties égales et à priori supposées en équilibre tout en étant en opposition, un cercle toutefois qui représenterait en réalité une sphère, me semble-t-il dans un cadre en trois dimensions, bien qu'à titre personnel au centre du cercle (ou de la sphère), je rajouterais volontiers une très grosse zone grise allant du gris clair au gris foncé, les parties vraiment blanche et noire étant alors réduites au strict minimum. Mais quoi qu'il en soit, cette opposition serait essentiellement binaire, notre monde semblant en effet fonctionner comme si tout allait par paires opposées : le bien et le mal, le bon et le mauvais, l’amour et la haine, la joie et la tristesse, le grand et le petit, le beau et le laid, etc.
Dieu lui serait ainsi le champ du possible à l’intérieur duquel l’Homme aurait reçu la possibilité de se mouvoir et de se positionner en toute liberté. Il serait en quelque sorte le tableau sur lequel l’Homme pourrait tracer son dessin en choisissant son destin, sur lequel il pourrait peindre le tableau qui lui convient. Dieu serait donc le tout, l’Homme ayant le choix de prendre ce qu’il veut au sein de ce tout.
Question : est-ce que de ce tout se dégagerait une personnalité ou pas ? Réponse : je crois que cela relève en fin de compte davantage de la religion ou de ce que chacun peut croire à ce sujet.
Mais il ne reste néanmoins pas moins vrai que l’univers est régi par des lois, toute loi étant à priori selon moi l’expression d’une volonté, et donc aussi d’une intelligence.
Cette intelligence et cette volonté pourraient-elles se concevoir en dehors de ce qu’on appelle une personnalité ? Je pense que c’est à chacun de trouver sa réponse, religion signifiant, si je ne m’abuse, ce qui relie les hommes à Dieu.
Des maîtres et des dieux
Dans un monde (imaginaire ?) où ils sont nombreux à vouloir imposer au plus grand nombre leurs idées, leurs croyances, leurs points de vue ou tout simplement leur volonté, il est important de connaître autant que possible ceux qui aspirent à devenir les maîtres de nos vies, de nos comportements, de notre façon de penser ou même de ce qu’il faut croire ou pas.
Heureusement le plus souvent y oeuvrent-ils en cherchant à obtenir notre adhésion, mais à défaut aussi beaucoup sont prêts au besoin à y parvenir en la forçant.
Maîtres à penser ou maîtres à obéir, maîtres à adorer et servir, dans l’absolu ce genre de maître rêverait en fait de pouvoir se soustraire à la condition humaine pour devenir l’égal des dieux, et même si possible devenir le premier d’entre eux en exerçant sa toute-puissance et son omniscience, non seulement sur les hommes mais aussi le cas échéant sur les autres dieux.
Peut-être ce dieu-là estimerait-il alors en y parvenant que cela le transformerait de facto en Dieu, alors que selon moi si la toute-puissance et l’omniscience, dès lors qu’elles sont avérées, sont une condition nécessaire pour y prétendre, elles ne suffisent cependant pas. En effet, pour pouvoir prétendre au titre de Dieu, il faudrait avant tout que ce roi ou chef des dieux soit en mesure de justifier qu’il est, comme je crois qu’il est d’ailleurs dit dans la Bible, le Dieu qui est, c’est-à-dire l’être en soi dont est fait tout ce qui est, et non une partie de cet être, sauf peut-être à être à la rigueur la partie de l’être pour laquelle le mystère de l’être n’en serait en fait pas un, cette partie éventuelle de l’être, si elle existait, qui aurait donc la maîtrise à la fois de ce mystère qu’est l’être et de tout ce que ce mystère serait en mesure de produire, c’est-à-dire en fait tout ce qui existe.
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