Homme et Femme ne sont pas des catégories naturelles. La Nature, elle, ne connaît que mâles et femelles, ainsi que tous les genres intermédiaires jusques et y compris les fameux hermaphrodites. La Nature se joue complètement de nos certitudes. Ce n’est pas à elle de s’adapter à nous mais tout le contraire. Or en ignorant les genres intermédiaires, on oublie ce principe et on se retrouve confronté à des situations pour le moins délicates. C’est comme si la Nature testait notre tolérance à travers eux et qu’on y réponde par le déni, comme si on disait à la nature qu’elle était contre-nature, un comble non ? Dominique, jeune et jolie jeune femme de 28 ans, n’aurait jamais cru qu’un jour elle allait être confrontée à ce problème. Tout allait magnifiquement bien dans sa vie, si ce n’est qu’elle n’arrivait pas à avoir d’enfant. Elle consulta un spécialiste et fit des tas d’analyses. Le résultat tomba comme un couperet : elle était stérile, mais il y avait pire que cela. En effet, sa stérilité tenait au fait que génétiquement parlant, ce n’était pas une femme, même si extérieurement elle en avait tous les attributs physiques. Son profil chromosomique était de type XY. Bref, génétiquement elle était un homme ! Quand, il le découvrit, son compagnon la quitta, car il ne pouvait supporter l’idée qu’il puisse être pris pour un homosexuel ou pour quelque pervers que ce soit. De son côté, Dominique ne savait plus où elle en était ni qui elle était. L’idée de débarrasser sa garde-robe de tous ses chemisiers et autres jupes lui traversa l’esprit, et il s’en fallut de peu qu’elle ne se retrouve avec les seuls vêtements mixtes dont elle disposait. Elle n’osait plus s’habiller en femme. Elle se demandait si elle avait encore le droit d’être attirée par les hommes, si elle était devenue homo ou était toujours hétéro. Elle alla consulter un psy qui tenta de la rassurer mais rien n’y fit. Si elle n’était plus une femme, alors elle était un homme et en tant qu’homme elle devait aimer les femmes, sauf si elle était homo. Pour en avoir le cœur net, elle se rendit dans une boîte réservée aux femmes qui aiment les femmes. A peine, était-elle rentrée que déjà elle se faisait draguer par Claude à qui elle avait tapé dans l’œil immédiatement. Claude était une jeune femme d’allure assez virile, les cheveux coupés ras, qui vivait ouvertement son homosexualité. Elle lui offrit à boire et lui proposa de danser avec elle. Elle lui fit la cour comme l’aurait fait un homme et même mieux que ne l’aurait fait un mec ordinaire. Claude était prévenante, lui offrit une rose qu’elle alla chercher au bar et lui témoigna de mille petites attentions qui touchèrent Dominique, laquelle était flattée qu’on puisse être à ce point attirée par elle. Elle succomba à ses avances et se laissa embrasser en fin de soirée. Elles se rendirent chez Claude et firent l’amour. Claude savait si bien s’y prendre avec sa langue que Dominique jouit comme jamais elle n’avait joui. C’était clair, elle était bien un homme, puisqu’elle avait du plaisir avec une femme. Mais Claude, elle, était attirée par Dominique parce que Dominique était une femme, et non un homme. Et quand celle-ci lui annonça qu’elle était en fait un homme sur le plan génétique, le trouble s’empara d’elle un bref instant, le temps qu’elle se ressaisisse et qu’elle lui dise qu’en fait cela ne comptait pas, car en ce qui la concerne, elle serait toujours une femme. Dominique, elle, était perdue, car si pour Claude elle restait une femme, alors elle devenait homosexuelle, ce qui n’était peut-être pas ce qu’elle voulait, mais en était-elle déjà à savoir ce qu'elle voulait vraiment ? Néanmoins, elles restèrent ensemble jusqu’à ce qu’au boulot Dominique rencontre Camille, le nouvel assistant du DRH. Ce fut le coup de foudre instantané et réciproque. Camille était un jeune homme très fin, très doux, bien plus que ne l’étaient certaines femmes. A midi, ils allaient manger à deux au même endroit et se fréquentaient de plus en plus. L’inévitable se produisit : ils couchèrent ensemble et comme avec Claude, Dominique eut beaucoup de plaisir. Tout était à refaire. Elle s’était fait à l’idée depuis qu’elle vivait avec Claude qu’elle devait être homosexuelle, et voilà maintenant qu’elle était amoureuse d’un homme avec lequel elle se sentait femme. Elle ne lui cacha rien, lui avoua tout, mais pour Camille qui était bisexuel, cela n’avait aucune importance : il était amoureux d’une personne et non pas d’un genre sexuel. Elle fut soulagée. Ne restait plus qu’à l’annoncer à Claude, ce qui n’était pas une mince affaire. En effet, celle-ci ne se laissa pas faire et refusa de la laisser partir. Elle la menaça de s’en prendre physiquement à Camille et mit ses menaces à exécution. Elle lui cassa littéralement la figure devant Dominique à la sortie du travail. Dominique tenta de s’interposer et se prit un coup de poing dans la bagarre. Quand elle vit que Dominique se trouvait à terre avec un filet de sang lui coulant du nez, Claude eut un déclic qui la laissa coi. Elle s’arrêta de se battre et comprenant, que même si elle avait terrassé Camille, son combat pour récupérer Dominique, lui, était perdu, elle déguerpit. Le soir même les deux amoureux emménagèrent chez Camille où depuis ils vivent ensemble très heureux comme n’importe quel couple hétérosexuel, car Dominique en est sûre à présent : elle est bel et bien une femme !
Drôle de genre
Alain G
Dernière mise à jour : 4 mai 2021
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