N’en déplaise à certains ou certaines, l’enfant est ou peut être un enjeu de pouvoir. Pouvoir des parents sur l’enfant bien sûr, mais aussi pouvoir réciproque des parents l’un sur l’autre, par exemple pour prendre un semblant d’assurance contre la rupture. Ne dira-t-on pas alors que l’enfant vient renforcer la relation de couple ?
Tant que l’enfant est désiré par les deux membres du couple, pourquoi pas, ce n’est pas à moi de juger. Mais quand l’enfant a été « décidé » par un seul membre de ce couple, il se passe quoi ? Si c’est le père qui force la mère, ça s’appelle un viol et heureusement c’est puni par la loi. Heureusement aussi, la femme mise enceinte contre sa volonté peut avorter. Mais quand c’est la mère qui décide seule d’avoir un enfant contre la décision du père de ne pas le devenir, dans le cas par exemple, qui n’est pas seulement un cas d’école, de quelqu’un qui fait confiance à sa compagne affirmant prendre la pilule, refusant par ailleurs que son partenaire mette un préservatif et sachant pertinemment que celui-ci ne veut pas d’enfant, comment appeler cela ? Au moins un viol du consentement, ou plutôt un viol de refus de consentement, non ? Mais la loi le permet, tout comme elle permet à cette mère d’obliger le père malgré lui à reconnaître cet enfant et même à payer une pension alimentaire pour son éducation. Normal ?
Corinne et Philippe venaient de se séparer en bons termes. Quelques jours plus tard, le téléphone sonna.
-Corinne : Bonjour Philippe, c’est Corinne … j’ai quelque chose d’important à te dire.
-Philippe : Bonjour Corinne, je t’écoute.
-Corinne : Voilà, je vais être directe : je suis enceinte !
-Philippe : Mais ce n’est pas possible, tu prenais la pilule, je te faisais confiance. Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
-Corinne : Sans doute un accident, je n’en sais rien.
-Philippe : La pilule est fiable à 99,9%. Tu as oublié de la prendre ?
-Corinne : Peut-être, je n’en sais rien.
-Philippe : Mais tu es sûre ? -Corinne : Certaine, j’ai fait le test plusieurs fois. -Philippe : Qu’est-ce que tu comptes faire ? Tu ne vas pas le garder tout de même ?
-Corinne : Si, c’est justement pour ça que je t’appelle. Pour te prévenir. J’y ai beaucoup réfléchi. Ma décision est prise.
-Philippe : Ta décision, mais la mienne qu’en fais-tu ? ... Silence de Corinne.
-Philippe : Tu ne réponds pas. Tu sais pourtant bien que je ne veux pas d’enfant. Tu l’as toujours su. Je ne te l’ai jamais caché et tu l’as toujours accepté. Qu’est-ce qu’il te prend maintenant.
-Corinne : Écoute, je veux cet enfant … ma décision est prise et je ne reviendrai pas dessus quoi que tu dises. Je voulais juste t’avertir pour que tu sois au courant.
-Philippe : Mais c’est dégueulasse. Tu ne peux pas me faire ça. Et tu ne peux pas faire ça à l’enfant non plus. Qu’est-ce qu’il va devenir ? Un enfant sans père.
-Corinne : Mais il a un père : toi !
-Philippe : Tu sais très bien que je n’assumerai pas ce rôle.
-Corinne : Je sais. Je l’élèverai seule. Mais tu seras toujours son père.
-Philippe : Mais tu vas gâcher ta vie et celle de cet enfant. Il va grandir sans son père et toi tu ne pourras pas refaire ta vie. Réfléchis un peu, c’est beaucoup plus difficile de retrouver quelqu’un avec un enfant à charge.
-Corinne : J’en prends le risque.
-Philippe : Mais qu’est-ce que tu vas lui dire quand il grandira et commencera à te poser des questions sur son père.
-Corinne : Mais la vérité.
-Philippe : La vérité, c’est que moi je ne veux pas être père. C’est comme un viol, ce que tu fais là. Tu violes mon consentement ou plutôt mon non-consentement. Pourquoi tu fais ça ? Tu sais très bien que je ne reviendrai pas. Qu’est-ce que tu espères ? -Corinne : Je n’espère rien. Je suis enceinte et je ne veux pas avorter. -Philippe : Je t’en supplie, ne fais pas ça.
-Corinne : Tu ne peux pas m’obliger à avorter si je ne veux pas.
-Philippe : Je ne peux pas c’est vrai, mais c’est dégueulasse et tu le sais.
-Corinne : C’est peut-être dur pour toi, mais je n’avorterai pas.
-Philippe : En plus avec ce que je gagne, tu n’auras presque rien comme pension alimentaire.
-Corinne : Je ne fais pas ça pour l’argent.
-Philippe : Alors pourquoi tu fais ça ? Explique-moi, je ne comprends pas ! -Corinne : Parce que je suis enceinte et que je ne veux pas avorter. -Philippe : Mais tu seras enceinte à nouveau avec un homme prêt à assumer cette fois. -Corinne : Écoute, je vais raccrocher. On tourne en rond. Je t’ai dit ce que j’avais à te dire. J’aurais préféré que tu acceptes et comprennes mon choix. Mais ce n’est pas grave, je ferai sans ton accord ce que j’ai à faire, même si j’aurais préféré que ce soit avec. Sur ces mots Corinne raccrocha, laissant Philippe avec l’amère sensation d’avoir été comme "violé" moralement, obligé d’être père par la seule volonté de la mère.
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