J’ai fait un rêve qui avait l’air de ne pas en être un, mais qui probablement l’était autant que n’importe quel autre, à moins bien sûr que les rêves ne sont pas ce qu'on croit qu'ils peuvent être, mais dans ce cas que sont-ils donc alors ? Toujours est-il que dans ce rêve Pierre et Paul étaient voisins, enfin si l’on peut dire, car Pierre, très riche, était propriétaire d’un vaste domaine de plusieurs hectares, quand Paul, loin d’être aussi riche, et même on peut dire relativement pauvre, était locataire d’une maisonnette dans laquelle il habitait avec sa famille, et qui se trouvait être justement la plus proche de la propriété de Pierre. Donc en principe, ils étaient voisins même s’ils ne s’étaient jamais rencontrés, ni peut-être jamais vus.
Un jour Pierre eut l’idée d’étendre son domaine sur les terres de son ami qui était propriétaire du terrain et de la maison dont Paul était locataire.
Une fois l’affaire conclue, Pierre, qui voulait raser la demeure dans laquelle vivait Paul et sa famille pour avoir encore plus d’espace à sa disposition, n’eut aucun scrupule à expulser Paul, qui allant se retrouver à la rue, en appela à la loi de Dieu. En effet, la loi des hommes, pour qui la liberté était sacrée, donnait à Pierre qui en avait les moyens le droit d’en jouir au maximum, alors que Paul qui n’avait pas les mêmes moyens se trouva dans l’incapacité de s’y opposer sur la base de cette loi. Horrifié par cette injustice, Paul en appela donc au jugement de Dieu qui se saisit de ce dossier personnellement.
Estimant que si la liberté était sacrée, la justice ne l’était pas moins, Dieu décréta alors que désormais la liberté s’arrêterait là où commence l’injustice.
En conséquence, il décida que Pierre, qui en avait les moyens, avait tout à fait le droit d’exercer sa liberté d’acquérir la propriété sur laquelle était bâtie la maison de Paul, mais qu’il lui était interdit de l’expulser tant qu’il ne proposerait pas à Paul une solution de relogement acceptable.
Pierre, à qui il revenait désormais de trouver un nouveau logement comparable à celui qu’occupait Paul et sa famille, confia cette tâche à son bras droit qui ne parvint pas toutefois pas à accomplir cette mission, car il n’est en pratique pas toujours aisé de reloger à proximité une famille dans des conditions comparables à celles qui étaient les siennes eu égard à son ancien logement.
Pierre essaya alors d’amadouer Paul et lui proposa même une somme d’argent qu’il pensait suffisante pour qu’il ne puisse la refuser compte tenu de sa situation. Mais c’était sans compter les enfants de Paul qui étaient très attachés à cet endroit. Alors ne voulant pas leur faire de peine, Paul refusa au grand dam de Pierre à qui il ne restait plus qu’à attendre que Paul finisse par changer d’avis, ce qui n’arriva jamais.
C’est ainsi que ce rêve s’acheva alors que Pierre et Paul étaient toujours voisins, et cela finalement pour que liberté et justice aient toujours la même importance et restent en équilibre, pour qu’aucune des deux ne l’emporte jamais sur l’autre.
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