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Alain G

Police des mœurs ?

Le paiement d’une contribution citoyenne à une association spécialisée dans l’accompagnement et l’aide aux victimes, dans le cadre des affaires de violences sexistes et sexuelles, est un nouvel outil contre lequel évidemment je n’ai absolument rien, bien au contraire, qui a été mis en place auprès de certains tribunaux français, dont celui de Lille où le parquet l’a utilisé pour la première fois le 8 août 2023 dans un dossier de recours à la prostitution, infraction pouvant en effet donner lieu à ce genre d’alternative aux poursuites pénales.

L’opération consiste à donner à l’auteur des faits, qui reconnaît avoir commis l’infraction, la possibilité de payer cette contribution au lieu d’avoir à passer au tribunal. En l’occurrence, l’auteur des faits, pour éviter la condamnation pénale, s’est engagé à suivre un stage de sensibilisation à la lutte contre l’achat d’actes sexuels, et à payer 1500 euros au Centre d’information sur les droits des femmes et des familles, association agréée par le ministère de la Justice, le tout devant être effectué dans un délai de trois mois faute de quoi alors l’auteur recevrait une convocation pour se présenter devant le tribunal.

Ainsi la Police, qui se dit pourtant débordée, a néanmoins le temps de poursuivre les clients des prostituées, alors qu’à ma connaissance la prostitution n’est toujours pas, et heureusement, interdite en France. Serait-ce là les prémices d’un retour d’une forme de Police des mœurs ? Et qu’en est-il des handicapés ayant recours aux travailleuses du sexe pour pouvoir satisfaire leurs besoins physiologiques en la matière ? Sont-il eux aussi poursuivis et condamnés, ou y a-t-il une dérogation les concernant ? Faudra-t-il demain se faire amputer des membres supérieurs pour pouvoir avoir recours aux services d’une prostituée ? Et si au lieu d’une prostituée j’avais recours à un prostitué serais-je aussi poursuivi ? Et si oui à quel genre d’association devrais-je alors verser cette contribution ? … En voilà bien des questions que pose cette infraction.

Bien sûr, loin de moi l’intention de faire l’apologie de la prostitution, mais au fait dans ce cas que font exactement les femmes épousant des hommes riches, sinon se livrer à une certaine forme de prostitution ? Mais ce n’est là que mon point de vue très personnel que je crois ne pas être néanmoins le seul à partager. Y aurait-il donc une forme de prostitution interdite et une autre encouragée ? C’est à se le demander.

D’ailleurs personnellement, je trouve totalement injuste d’avoir à payer pour une prestation dont je réalise au moins la moitié, production de sperme en plus ce que la femme ne fournit pas, en tout cas jusqu’à présent. Mais si je ne souhaite pas faire l’apologie de la prostitution, jamais je ne chercherai à retirer le pain de la bouche à celles et ceux qui, dans ce monde de plus en plus dur, n’ont pas trouvé d’autre moyen de survivre. Qu’on interdise la prostitution (nouvelle prohibition à l’horizon ?) ne me dérangerait à priori pas plus que ça, à condition de trouver à celles et ceux qui s’y livrent un autre moyen de subsistance, ce que bien sûr les gens qui ne savent rien faire d’autre que réprimer et interdire ne feront jamais.

En outre, pour revenir à mon affaire d’agression (cf. Police de classe) dont je ne suis pas près d’arrêter de parler, étant avec mes deux agresseurs celui qui la connaît le mieux pour l’avoir vécue jusque dans ma chair, j’aimerais pouvoir en profiter pour rappeler ici que le procureur qui s’en est occupé au point de la juger, puisqu’en l’occurrence il a décidé que je ne méritais un procès en bonne et due forme, ne m’a accordé que 200 euros de dommages et intérêts (à rapporter aux 1500 euros ci-dessus … mais je tiens à préciser ici que ce n’est pas de la jalousie, car je suis très content pour l’association bénéficiaire de ces 1500 euros, un peu moins certes pour celui qui a été contraint de les payer, mais c’est juste que je trouve que 200 euros pour cinq points de suture au niveau du visage après m’être fait agressé chez moi, ça me semble un peu léger en comparaison). De plus donc en aucune manière, comme je l’aurais pourtant souhaité on ne m’a proposé d’aller au tribunal pour qu’un juge ait à se prononcer sur les faits. D’office en effet on a estimé que je devais me contenter de ce que les policiers avaient conclu et que le délégué du procureur par la suite avait confirmé. Et donc en définitive ce sont les (soi-disant) enquêteurs de police étant intervenus dans mon dossier qui ont eux-mêmes statué et non pas un juge digne de ce nom, et tout cela sans jamais sortir de leur bureau, ne produisant somme toute que de la paperasse. C’est ainsi qu’ils ont considéré que je n’étais pas en état de subir une reconstitution, alors que j’avais pourtant été plusieurs heures durant en état de répondre à leurs questions dans leur bureau que, manifestement, ils n’avaient pas trop envie de quitter pour aller sur le terrain.

Alors certes il faut se garder de trop vite généraliser, mais quand même si on compare ces deux affaires, et d’autres du même type, cela n’est-il pas de nature à nous donner sinon un aperçu, au moins une indication sur les priorités de la Police et de la Justice d’aujourd’hui dans notre beau pays ?

Ou tout cela ne serait-il que la faute à pas de chance en ce qui me concerne ? Si oui, alors franchement, je ne crois pas avoir été le seul en France à ne pas en avoir eu beaucoup. De nombreux français ni riches, ni puissants, ni célèbres, ou encore ni dans l’air du temps, je pense, pourraient raconter plus ou moins la même chose sur la manière dont, sinon la Police, au moins beaucoup de policiers (et de parquets) se sont comportés avec eux lorsqu’ils ont eu à s’occuper de leur affaire.

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