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Vieux et cons à la fois

Alain G

Dernière mise à jour : 10 août 2023

Con est un mot qui a un petit côté magique. Certes, c’est une insulte, encore que selon l’intonation que l’on utilise pour le prononcer il peut aussi avoir un côté amical ou affectueux, quand par exemple on dit en souriant à un ami sur le ton de la plaisanterie : « Mais qu’est-ce que tu peux être con quand tu t’y mets » ou quand on dit de quelqu’un qu’on trouve particulièrement drôle : « Qu’il est con » ; mais si c’est quand même avant tout une insulte, c’est une insulte qui peut être utilisée dans tellement de situations différentes de la vie courante que, je pense, il serait difficile d’en donner une définition unique valable dans chacune des situations dans lesquelles on vient à l’utiliser. En effet, il y a une telle variation du sens qu’on peut donner à ce mot selon le qualificatif qui généralement l’accompagne, qu’il recouvre en réalité tous, ou presque tous, les travers de la nature humaine. Grand con, pauvre con, petit con, gros con, sale con, méchant con ou gentil con, … l’imagination n’a que l’embarras du choix, en fonction de la personne en direction de qui cela est adressé. D’où ce petit côté un peu magique je trouve, mais ce n’est qu’un détail. Car après tout, quoi qu’on dise ou quoi qu’on fasse, on sera toujours le con de quelqu’un, puisqu’on ne peut évidemment pas plaire à tout le monde, n’est-ce pas ?

Cela dit, en ce qui me concerne, je suis surtout amusé par cette espèce de dichotomie qu’il peut y avoir entre les jeunes et les vieux cons. Alors je me suis demandé quelle différence il pouvait bien y avoir au fond entre un vieux con et un jeune con, car des conneries on en fait tous, ou en tout cas on en a tous faites, non ? Sauf que si pour un jeune, il est assez normal d’en faire, c’est plus discutable quand on devient vieux. En effet, étant jeune on commet inévitablement des erreurs et des fautes dues au manque d’expérience que l’on a alors, et quand ça arrive on appelle ça « faire une connerie ». C’est en se brûlant qu’on apprend à se méfier du feu, n’est-il pas ? Qu’un enfant vienne à se brûler alors qu’il ne connaît pas les dangers des flammes, voilà qui ne serait pas quelque chose d’incompréhensible pour nous tous, alors que si cela arrivait à un vieillard, on se demanderait immanquablement si ce dernier n’est pas devenu subitement sénile. Un vieux qui continuerait à faire les mêmes conneries que font les jeunes, cela pourrait signifier que ce vieux-là n’a rien compris à la vie, n’a rien appris de son expérience ou n’a fait aucun effort tout au long de son existence pour s’améliorer. Donc en somme vu sous cet aspect, être un jeune con serait en quelque sorte comme une espèce de circonstance atténuante, tandis qu’être un vieux con serait plutôt une circonstance aggravante. On pardonne en effet plus facilement les erreurs de jeunesse que les erreurs de vieillesse.

Alors, dans la mesure où il y a un vieillissement de la population, que va-t-il arriver ? Y aura-t-il comme une épidémie de sagesse qui se répandra dans la société, ou au contraire y aura-t-il une explosion de la connerie, une sorte de papy boom de vieux cons ? Ayant appris à n’être pas trop optimiste, à moins que bien sûr ce ne soit chez moi une propension tout à fait naturelle, ou peut-être encore un mélange des deux, j’aurais tendance à pencher pour la seconde hypothèse, en espérant toutefois que l’avenir me donnera tort évidemment, ce que de toute façon je ne devrais pas être en mesure de constater par moi-même, puisque très vraisemblablement je ne devrais plus alors être là pour le voir de mes propres yeux. Et ça franchement c’est plutôt con, non ?

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