On reproche souvent aux policiers d’être des cow-boys. Personnellement, je crains hélas que cette réputation ne soit quand même quelque peu méritée. Je le pense depuis que je me suis fait agressé par mon voisin et son complice à l’existence duquel la police a refusé de croire, ce qui l’a bien sûr dispensée d’effectuer les recherches nécessaires pour pouvoir le retrouver, comme je le raconte dans « Police de classe ».
J’ai eu l’impression d’avoir affaire à des hommes qui me donnaient le sentiment de plus vouloir montrer leurs muscles (enfin de manière abstraite je veux dire) que de vouloir briller par leur intelligence, ou alors une intelligence au service non pas de l’établissement de la vérité, mais de leur intention de corroborer leur conviction affichée qui était de dire que la version de mon voisin en garde à vue, plus simple, était la bonne, et que donc je mentais en somme en disant que j’avais été agressé par deux individus.
Je peux illustrer cette impression par ce bref échange que j’ai eu avec celui qui était censé mener l’enquête au moment de la confrontation. Je ne saurais affirmer que les mots que je vais écrire à ce sujet étaient bien ceux que j’ai utilisé à cette occasion, car cela remonte quand même maintenant à plus de trois ans, mais l’idée était bien celle-là. Donc, à un moment donné de la confrontation si on peut dire, j’ai souligné que j’avais cinquante-cinq ans (à l’époque des faits) et que mes deux agresseurs devaient en avoir entre vingt et trente au maximum. Je voulais dire que si j’avais été à leur place, j’aurais eu honte de m’en être pris à un homme qui aurait pu avoir l’âge d’être mon père, alors qu’au contraire, soit dit en passant, celui qui avait la clef si vous aviez pu voir à quel point il avait l’air fier de ce qu’il venait de faire, mais bon c’est une autre histoire. Pour en revenir à mon anecdote, je n’ai pas eu le temps de finir mon raisonnement quand celui qui menait le semblant d’enquête en cours, a réagi en disant en gros que ça n’était pas parce qu’on était vieux qu’on ne pouvait pas venir à bout de deux jeunes, et que s’il devait penser le contraire il ne ferait pas encore comme il le faisait toujours à son âge (je dirais entre trente et quarante ans, voire peut-être plus, je ne saurais l’affirmer) de la course à pied au niveau qui était le sien. Bref, il venait de se situer au niveau des couilles qu’en tant qu’homme on se devait d’avoir, alors que je voulais me placer sur le terrain de la honte qu’ils auraient dû ressentir d’avoir fait ce qu’ils ont fait. C’est dire l’état d’esprit. Voyant à qui j’avais à faire, je n’ai pas insisté. Peut-être ai-je eu tort, histoire de leur taper un peu la honte justement, mais je n’en suis même pas sûr, et puis il faut dire que j’avais tout de même passé la nuit aux urgences avant de venir directement au commissariat, sans faire de pause. Je n’étais donc plus très frais pour entamer une polémique à ce sujet qui d’ailleurs aurait pu davantage me nuire en définitive que me servir. Finalement après coup, j’ai eu l’impression de me heurter à une sorte de culture d’entreprise en somme qui pousse les fonctionnaires de police à montrer à tous ceux qui pénètrent ces lieux qu’ici, on en a (des couilles bien sûr). Sauf que moi, leurs couilles, à vrai dire je n’en avais rien à faire et j’aurais de loin préféré qu’ils aient un cerveau ou s’ils en avaient un qu’ils s’en servent à la manière d’un petit Columbo ou autre policier du même genre, même à un niveau moindre, bref quelqu’un qui creuse un peu, au lieu de rester au ras des pâquerettes comme manifestement ils le voulaient pour mieux pouvoir boucler le dossier au plus vite, quitte à le bâcler.
J’ai constaté que c’était quand même un milieu très viril, même s’il y a quelques femmes qui travaillent à leurs côtés, et je crains qu’au lieu de féminiser un peu ce monde d’hommes, ce sont au contraire plutôt elles qui se virilisent un peu. Je suis sûr que si on inventait un outil pour mesurer le taux de testostérone ambiant, on obtiendrait des scores impressionnants. Je comprends bien sûr que face à des voyous peut-être encore plus virils qu’eux, on arriverait sûrement à rien en leur opposant une douceur toute féminine. Mais le problème, c’est qu’ils ne font pas la part des choses et adoptent cette même attitude autoritaire (quand ça n’est pas carrément de l’autoritarisme) avec tout le monde, voyou ou pas. On ne leur a sans doute pas appris dans leurs écoles à se mettre au même niveau que leurs interlocuteurs, quand il ne s’agit pas de caïds. Au contraire, on a l’impression que la mentalité qui règne dans cette maison, les conduit automatiquement à toujours vouloir se placer au-dessus de vous, quoi qu’il en soit et qui que vous soyez. C’est comme un réflexe acquis ou inné, je ne saurais dire. Mais c’est plutôt inquiétant, car moi j’aurais et de loin préféré avoir affaire à une police à l’anglaise, c’est-à-dire une police composée de bobbies plutôt que de malabars fonceurs qui réfléchissent plutôt après avoir agi qu’avant. Cela dit, je ne suis même pas sûr que l’image du bobby à l’ancienne soit toujours effective de nos jours outre-Manche, et c’est bien regrettable de mon point de vue.
Car personnellement, je préférerais avoir affaire de loin plutôt à un bobby (à l’ancienne) qu’à un cow-boy, mais ce n’est là que mon opinion toute personnelle que je suis hélas bien conscient de ne pas partager avec beaucoup en France actuellement. Et bien, tant pis !
Parce que bien sûr tout cow-boy qui se respecte a besoin d'indiens pour exister, et nos indiens à nous, dans nos sociétés modernes (et il existe même un pays, je crois les Philippines, dont le président demande carrément de les éliminer physiquement, et bien sûr ils le font et apparemment sans scrupule), ce sont évidemment les drogués en général et les fournisseurs de substances illicites qui les approvisionnent. C'est un jeu en fait comme dans la cour de récréation où l'on joue au gendarme et au voleur, sauf que là c'est un jeu financé par le contribuable, et qui coûte vraiment très cher au pays pas seulement sur le plan financier, mais aussi et surtout peut-être sur le plan social. Alors que s'il était mis fin à la prohibition, sans pour autant que l'on passe d'un extrême à l'autre et que l'on fasse du jour au lendemain l'apologie ou la publicité de tout ce qui tourne autour de cette activité légalisée, ce qui évidemment ne risque pas d'arriver sous peine de déprimer les cow-boys qui n'auraient plus alors d'indiens avec qui jouer (*), ceci aurait eu au contraire l’avantage de ramener de l'argent dans les caisses de l’État qui paraît-il en aurait bien besoin … de l’argent qui au lieu de cela enrichit encore plus le crime organisé, qui est pourtant déjà très … très riche comme ça. Mais bon puisque visiblement tout le monde trouve ça normal, alors en effet pourquoi ne pas continuer indéfiniment ? Je vous le demande en toute naïveté et sans aucune hypocrisie, car il se trouve justement par le plus grand des hasards que je suis le seul sur Terre à ne pas être hypocrite, mais alors là vraiment pas du tout, ou alors juste un peu, et beaucoup moins que certains en tout cas. Sourire.
(*) Et il faudrait alors sûrement de toute urgence leur en trouver d'autres, d’autres indiens, pour les occuper car bien sûr s'occuper des infractions du quotidien qui empoisonnent vraiment la vie des citoyens les intéresse beaucoup moins ... il faut en effet quand même reconnaître que c'est beaucoup moins rigolo, hein ?
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