Ceux, ou plutôt celles, qui veulent la peau du patriarcat n’auraient-ils, ou plutôt n’auraient-elles pas en fait pour objectif de remplacer le patriarcat par le matriarcat ? C’est ce qu’on peut se demander quand on voit les personnes qui revendiquent l’égalité des droits en faveur des femmes, ne pas exiger dans le même temps l’abandon des privilèges dont bénéficiaient les femmes au temps où elles étaient sous la tutelle des hommes, comme par exemple le fait de pouvoir obtenir aisément la reconnaissance de paternité d’un homme dont elles se sont servis comme géniteur, et à qui elles souhaitent en plus faire endosser une paternité dont il ne veut pas. Eh oui ça existe, et plus souvent qu’on ne croit. Sans compter bien sûr les us et coutumes comme tenir la porte à une femme sur le point d’entrer ou sortir d’un lieu clos par exemple, au nom de la galanterie ou quoi que ce soit d’autre. Car quand la politesse, ou tout autre comportement assimilé, est érigée en institution dont les bénéficiaires veulent conserver l’avantage, alors que la situation a radicalement changé, peut me semble-t-il au minimum poser question ou paraître suspect.
Les féministes en général affirment juste vouloir mettre fin au patriarcat sans exiger de le remplacer par le matriarcat, certes. Mais la nature ayant horreur du vide et la nature humaine, comme l’Histoire au cours des siècles a pu le montrer, ayant un fort penchant pour le pouvoir, n’y a-t-il pas ne serait-ce qu’un risque que l’idée du matriarcat pour prendre la place du patriarcat finisse par s’imposer ?
En ce qui me concerne si la fin du patriarcat signifie l’avènement du matriarcat, je ne suis pas vraiment sûr d’y gagner au change. Ce serait un peu comme passer d’une dictature de droite à une dictature de gauche, ou inversement. Personnellement, étant contre toute forme de dictature (fut-elle du prolétariat, qui d’ailleurs pour mémoire à l’origine devait être celle que le prolétariat exercerait sur le reste du monde et qui est vite devenue celle qu’on voulut exercer sur tout le monde, y compris le prolétariat), je serais bien ennuyé qu’on vienne me demander à consentir de renoncer à une dictature, quelle qu’elle soit, pour vouloir lui en substituer une autre que l’on voudrait me présenter comme meilleure que l’ancienne.
Renoncer à une dictature, moi qui suis contre toutes celles pouvant exister, ne me poserait bien sûr aucun problème dès lors qu’il n’y aurait pas derrière implicitement le projet d’en inventer une nouvelle. On aurait beau essayer de me convaincre qu’un despote éclairé serait en mesure de faire évoluer la société bien plus sûrement qu’un démocrate même orné d’une aura et d’un charisme exceptionnels, je préfèrerai toujours quant à moi vivre dans un État de droit, qui plus est de droit humain, et non de droit divin, car bien sûr dans ce cas il s’en trouverait toujours plusieurs au sein de cet État à prétendre parler au nom de Dieu, afin de s’emparer du pouvoir dans le but bien sûr d'imposer leur propre volonté, qu’ils attribueraient volontiers à Dieu pour lequel en définitive ils se prendraient. Par ailleurs pour que je puisse un jour changer d’avis, il faudrait vraiment pour le coup que le despote en question soit vraiment très bien éclairé, ce qui à ma connaissance n’est jamais arrivé nulle part dans ce monde, ou alors seulement localement et très exceptionnellement.
En conclusion, me demander de choisir entre une dictature de droite ou de gauche, à moins que l’une soit réellement plus douce ou moins dure que l’autre, n’aurait de mon point de vue strictement aucun sens. Mais bon tout cela après tout n’est que pure conjecture.
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