Quand on veut imposer sa volonté, parce que bien sûr on la trouve meilleure ou supérieure à celle des autres, qui eux devront la respecter, on finit tôt ou tard par se heurter à la volonté de celles et ceux que cela heurte ou dérange. Face à cette opposition, celui ou celle qui veut imposer sa volonté aux autres est bien obligé(e) de se montrer plus ou moins inflexible afin de se faire respecter. Et pour faire avaler la pilule, si je puis dire, il ou elle est amené(e) à se justifier, enfin plus ou moins, ce qu’il ou elle fait souvent en admettant être peut-être dur(e) mais jamais injuste. Sauf qu’il y aura toujours quelqu’un au fond de la salle où est prononcé ce discours pour se demander s’il est vraiment juste d’être dur(e), ce que celui ou celle qui trouve sa volonté meilleure que celle des autres ne peut supporter d’entendre. Aussi, si cette question ou cette réflexion venait à être posée ou exposée à voix haute, assurément celui ou celle qui se trouve supérieur(e) au point de vouloir imposer sa loi aux autres (qu’il ou elle trouve donc inférieurs) fera tout son possible, très vraisemblablement, pour faire taire d’une manière ou d’une autre cette voix qui contrarie son omnipotence.
Et c’est ainsi que me semble-t-il démarrent très souvent des carrières de dictateurs. Et des dictateurs en puissance qui croient toujours avoir raison, je crains hélas que ça ne court les rues. Certes, certains de ces aspirants dictateurs expliqueront que leur volonté est supérieure car elle est conforme à l’intérêt général, ce à quoi on ne peut qu’adhérer, à condition toutefois que derrière l’intérêt général invoqué ne se cachent pas quelques intérêts bien privés que l’on voudrait faire coïncider de gré ou de force avec cet intérêt général que l’on met en avant, un peu comme, mais dans un autre registre, les parents qui avant de punir leur enfant lui expliquent que c’est pour son bien s’ils s’apprêtent à lui faire mal. Car les dictateurs dans l’âme croient toujours savoir mieux que celles et ceux qu’ils entendent soumettre, ce qui est bon, ce qui est bien ou ce qui est juste pour eux. Et parfois en effet ils ne se trompent pas, mais pas toujours, loin s’en faut. Car à moins d’être omniscient, on ne peut jamais vraiment être sûr de ce qui serait bien, bon ou juste pour autrui. On ne peut que le supposer, sauf à être Dieu bien sûr, pour qui probablement ils tendent sans doute tous à se prendre plus ou moins, d'ailleurs plutôt plus que moins, dans la mesure bien entendu où l'on admet que c'est d'abord à sa toute-puissance et son omniscience qu’on reconnaît surtout Dieu. Et donc dur mais juste ou juste dur, il me semble légitime d'au moins se le demander.
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