Novembre 2022, il commençait déjà à faire un peu froid, et c’est pourtant à ce moment-là qu’on est venu, en mon absence et sans crier gare, remplacer mon ancien compteur à gaz qui fonctionnait encore parfaitement bien par un compteur communicant GAZPAR, compteur qui porte en effet bien son nom, puisque pendant à peu près deux jours le gaz est effectivement parti de chez moi. En effet, comme le prévoyait, et le prévoit sans doute toujours leur procédure, pour d’obscures raisons de sécurité, en l’absence de l’abonné, le nouveau compteur est systématiquement fermé après installation, et il revient donc après coup à cet abonné d’ouvrir lui-même le compteur, ou d’appeler le prestataire de GRDF qui a réalisé l’installation pour qu’il vienne procéder à cette ouverture.
Et quand je dis « vienne », je devrais en fait plutôt dire « revienne », ce qui, comme j’ai hélas pu le constater, est visiblement quelque chose dont il n’a pas très envie, car pour lui cela revient en fait à mobiliser un de ses techniciens pour venir effectuer cette .. « corvée », ai-je envie de dire.
Quant à moi, quand je suis rentré le soir du jour où avait eu lieu cette installation, j’ai constaté en voulant me laver les mains que je n’avais plus d’eau chaude.
J’ai pensé à une panne de la chaudière. Mais après avoir tenté d’allumer ma gazinière, j’ai constaté qu’elle ne marchait pas non plus. Heureusement que j’avais un micro-onde, sinon à moins d’avoir préalablement mangé à l’extérieur, j’aurais probablement dû aller me coucher le ventre vide.
Mais de toute façon avant d’aller me coucher, je regarde toujours le contenu de ma boîte aux lettres dont comme à chaque fois j’effectue la relève avant de rentrer dans l’appartement.
Et c’est là que j’ai vu la notice que m’avait laissé le prestataire de service mandaté par GRDF pour remplacer mon ancien compteur à gaz. J’ai du coup compris tout de suite qu’on m’avait installé un compteur GAZPAR en mon absence. J’ai pesté, car tout comme le LINKY, je n’en voulais pas, bien que ma réticence à l’égard du compteur LINKY soit quand même beaucoup plus grande que vis-à-vis du compteur GAZPAR.
Dans la notice déposée dans ma boîte aux lettres, il y avait un schéma ci-après reproduit dans lequel on montrait comment remettre le compteur en service.
Je suis donc allé regarder sur le pallier mon nouveau compteur à gaz que je voyais ainsi pour la première fois, et ô surprise, il ne ressemblait pas du tout au schéma figurant dans la notice, comme vous pourrez le constater sur le cliché ci-dessous.
Comme je n’avais pas envie de faire n’importe quoi sans être sûr, j’ai préféré attendre le lendemain pour téléphoner au prestataire de service dont le numéro figurait dans le dépliant glissé dans ma boîte aux lettres.
Au téléphone, la personne qui m’a répondu m’a dit d’appeler GRDF dont elle m’a donné le numéro à composer. J’ai donc téléphoné à GRDF qui m’a expliqué qu’en fait c’était au prestataire de service qui avait installé le compteur de venir procéder à la remise en service au cours des premiers jours suivants l’installation, GRDF ne prenant seulement la relève qu’au bout de six jours si je me souviens bien. La personne de chez GRDF que j’ai eu au téléphone m’a donc remis en contact avec la dame à qui j’avais parlé avant d’appeler GRDF. Celle-ci manifestement contrariée m’a alors demandé mon numéro de portable pour qu’un technicien de chez eux puisse me joindre afin de venir effectuer la remise en service. J’ai donc attendu toute la journée, et excédé à l’idée que je n’allais une fois de plus pas pouvoir me laver, sauf à utiliser l’eau froide, ni cuisiner, ni même mettre le chauffage, car il commençait déjà à faire un peu frisquet, j’ai rappelé la femme que j’avais eu chez le prestataire, et j’avoue avoir perdu mon sang froid sans pour autant avoir été particulièrement impoli malgré mon degré élevé d’énervement. Mais j’ai quand même plutôt crié que parlé, je dois l’admettre, si bien que la personne au bout du fil m’a tout bonnement raccroché au nez.
Je ne savais plus quoi faire. Je me voyais déjà rester plusieurs jours et soirs consécutifs sans pouvoir me laver, cuisiner ni me chauffer. Je me suis dit qu’en rappelant GRDF la nuit, j’aurais peut-être plus de chance que dans la journée, mais la personne qui m’a répondu m’a expliqué la même chose que ce que sa collègue m’avait dit le matin même. Je lui ai demandé alors si elle ne pouvait pas au téléphone me dire comment faire pour que je remette moi-même mon compteur en service. Elle m’a donc dit de me munir d’une pince multiprises et de repérer le boulon que j’étais censé avoir devant moi, afin de le tourner d’un quart de tour dans le sens des aiguilles d’une montre, ou dans le sens inverse, je ne sais plus.
Le seul boulon que je voyais devant moi était celui entouré de rouge sur le cliché ci-après.
J’ai donc desserré tout doucement le boulon en question, et j’ai senti une petite odeur de gaz se dégager dans l’atmosphère. Je l’ai dit à la dame au téléphone qui a alors pris la décision de faire intervenir un technicien dans les minutes qui suivent.
Au technicien, j’ai expliqué ce que j’avais fait conformément à ce que j’avais compris de ce que la femme au téléphone m’avait dit. Je me suis quasiment fait engueulé parce que je n’avais pas à toucher à ce boulon, qui était pourtant le seul que je voyais devant moi, mais à ce petit losange entouré de vert sur le cliché ci-après.
J’avoue, après l’avoir vu faire de mes yeux, que ça n’était vraiment pas compliqué. Je ne dois sans doute pas être très doué, je veux bien l’admettre, mais c’était quand même la première fois que je voyais un compteur à gaz de si près de ma vie, et puis j’avais quand même peur de faire une mauvaise manœuvre, que j’ai finalement faite en suivant les instructions de la personne au bout du fil, qui de mon point de vue n’est pas particulièrement bien parvenue à se faire comprendre. Car à ma connaissance un boulon, ça ressemble bien plus à ce que j’ai desserré qu’à ce petit machin métallique en forme de losange.
Si cela avait été un interrupteur classique comme celui situé dans mon appartement et relié à ma gazinière (cf. cliché ci-dessous), il n’y aurait eu aucun quiproquo, mais là franchement ça n’était pas évident pour le profane que j’étais.
Finalement tout est rentré dans l’ordre, et j’ai heureusement pu me laver à l’eau chaude cette nuit-là, mais quand même qu’est-ce que ça a été pénible pour y parvenir.
Et avec le recul, franchement je trouve que ce sont là en fin de compte des méthodes de voyous, car j’aurais très bien pu rester ainsi sans chauffage, sans eau chaude ni gaz pour cuisiner plusieurs jours de suite sans que personne ne s’en inquiète.
Et si j’avais eu des enfants en bas âge, cela aurait été le même tarif, ou pareil s’il y avait eu chez moi une personne malade, qui cela aurait-il affecté à part moi ? C’est tout bonnement scandaleux.
La morale de cette histoire est puisque la remise en service pouvait être problématique, on n’avait tout simplement pas à changer mon compteur à gaz en mon absence, d’autant qu’on approchait quand même de l’hiver.
Et au final était-ce vraiment si urgent de remplacer ainsi un maximum d’anciens compteurs par des compteurs GAZPAR ?
D’ailleurs quelle était donc en définitive la raison de cette précipitation à vouloir au plus vite remplacer les anciens compteurs à gaz par des compteurs communicants ?
Et si ce n’était là finalement que la lubie d’une élite qui n’a jamais vraiment considéré le peuple comme le souverain qu’il est pourtant en principe, sur le papier en tout cas, mais comme un subordonné qu’il faut soumettre à sa volonté, fusse-ce en le brutalisant ? Seulement voilà, cette brutalité qui ne s’impose pas par une nécessité impérieuse, ou qui est mal comprise, car mal expliquée, à supposer bien sûr qu’elle puisse être explicable, et donc acceptable, est en général mal reçue par ceux qui ne sont pas convaincus par le caractère fondamental de la mesure que l’on cherche à imposer, quitte à utiliser la force pour y arriver.
Il en résulte donc souvent des révoltes, voire parfois des révolutions.
En effet, une réforme quelle qu’elle soit, à moins d’être purement technique, si elle est nécessaire, s’impose en général d’elle-même. S’il faut convaincre pour la faire admettre, c’est qu’en principe elle n’est pas si évidente, en tout cas pour tout le monde.
Il y aura alors toujours une partie plus ou moins grande du peuple qui se demandera ce que cela peut bien cacher, ce qui évidemment est de nature à engendrer ou alimenter des théories complotistes.
Et ce ne me semble d’ailleurs pas nouveau, puisque déjà au siècle dernier un certain Jacques DUTRONC ne chantait-il pas en effet « On nous cache tout, on nous dit rien » ? Chanson qui je ne pense pas me tromper beaucoup en supposant qu’elle connût déjà à l’époque un certain succès, si ce n’est un succès certain.
Et il faut bien admettre que l’urgence du déploiement des compteurs GAZPAR ne saute pas vraiment aux yeux.
Autant, le compteur LINKY pouvait-il être en partie justifié par les prévisions d’une plus grande consommation d’électricité dans un avenir plus ou moins proche, autant cet argument n’apparaît pas d’une évidence évidente avec le compteur GAZPAR.
En outre, c’est une lubie qui aura eu un coût non négligeable à l’heure où on n’arrête pourtant pas de nous répéter que les caisses sont vides. Et voilà que soudain pour un projet dont la nécessité reste encore à démontrer, elles ne l’étaient pas ou plus tellement.
Et que sont donc devenus tous ces compteurs qui fonctionnaient encore parfaitement bien avant que l’on ne les remplace par des compteurs communicants, qu’il faudra, me suis-je laisser dire, changer beaucoup plus souvent que les anciens qui ont, quant à eux, largement fait leurs preuves du point de vue de leur fiabilité et de leur longévité ?
Ont-ils comme souvent été envoyés en Afrique qui somme toute, après avoir été notre berceau, serait devenue maintenant notre poubelle ?
Il faudra bien qu’un jour un journaliste d’investigation digne de ce nom enquête réellement pour nous en informer, car c’est quand même bien d’argent public dont on parle ici, si je ne m’abuse, non ? Et tout ça alors que si on avait décidé, au moment où se posait la question, que désormais les anciens compteurs défectueux allaient petit à petit être remplacés par des compteurs communicants dans un souci de modernisation, personne n’y aurait probablement rien eu à redire. Cela aurait certes pris beaucoup plus de temps, mais quelle importance après tout s’il n’y avait pas urgence ?
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