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Alain G

Great Greta !

Dernière mise à jour : 1 avr. 2022

N’avez-vous jamais remarqué que nous nous culpabilisions très souvent les uns les autres, parfois même pour presque rien ? Et cela débute très tôt : déjà enfant, il suffisait qu’on nous culpabilise en nous disant par exemple qu’on était méchant, pour qu’aussitôt on renvoie cette culpabilisation à celui qui nous l’avait adressée en lui répondant un truc du genre, « non c’est toi qui es méchant » avant généralement de commencer à se disputer à n’en plus finir sur la question de savoir qui était vraiment le plus méchant ou qui avait bien pu commencer.

Et ça ne s’arrête évidemment pas à l’enfance, ça nous poursuit toute la vie.

Je me souviens ainsi, il y a quelques années, m’être un peu « disputé » avec mon psy au sujet d’une réflexion désagréable qu’il avait bien pu me faire après m’avoir demandé, comme à l’accoutumée, comment j’allais, une fois entré dans son cabinet. J’avais dû lui répondre vraisemblablement quelque chose du genre « comme d’habitude » ce qu’il avait mal pris, alors que j’avais dit cela sans du tout penser à mal d’aucune façon. Il me répondit, vexé, que c’était parce que je le voulais bien, ce qu’évidemment je n’ai guère apprécié. Je me suis senti culpabilisé sans comprendre pourquoi il avait bien pu avoir eu ces paroles, alors que de mon côté je m’étais juste contenté de dire que je n’allais ni mieux ni plus mal que la dernière fois.

J’ai compris mais bien plus tard qu’en fait en lui disant « comme d’habitude », il s’était en réalité lui-même senti culpabilisé sans que je m’en rende compte, en ce sens que pour lui ce « comme d’habitude » signifiait que je ne faisais pas de progrès et que donc en quelque sorte je lui reprochais d’être un mauvais psy, puisqu’il n’arrivait pas à me guérir, ce qui n’était franchement pas du tout ce que j’avais en tête en disant cela, mais alors vraiment pas du tout.

Et évidemment cette culpabilité qu’il croyait que je cherchais à faire peser sur lui, il me l’a retournée en me répondant que si je n’allais pas mieux, c’était bien sûr parce que je le voulais bien, ce qui m’a franchement mis en colère dans la mesure où j’avais trouvé ça profondément injuste et que sur le coup je n’avais pas compris qu’il s’était senti lui-même coupable à travers ce petit « comme d’habitude » que j’avais bien pu lui dire de manière totalement anodine. Peut-être avait-il passé une mauvaise journée et ces quelques mots de ma part avaient-ils été de ce fait mal accueillis, je ne le saurai jamais, à moins encore que ce fut là une technique de psy pour me bousculer un peu, une sorte d’électrochoc verbal en somme, si je puis dire. En tout cas, moi, ça m’a fait bondir qu’il puisse ainsi me dire que si je n’allais pas mieux, c’était en fait de ma faute (et non de la sienne), alors même que je ne l’accusais en rien d’être mauvais psy, et que par ailleurs il n’arrêtait pas, séance après séance, de me répéter que mon problème, c’était justement la culpabilité. Et puis voilà qu’il se mettait maintenant lui aussi à me culpabiliser. J’ai trouvé ça un peu fort, déjà que je ne comprenais pas en quoi je pouvais bien être coupable de quoi que ce soit, ne voyant franchement pas ce que j’aurais bien pu faire dans cette vie de si grave pour éprouver ce sentiment de culpabilité dont je n’avais même pas conscience, mais dont l'effet était ni plus ni moins que de me pourrir la vie. Et si jamais j’avais fait quelque chose de terrible dans une hypothétique autre vie, alors là franchement n’en ayant aucun souvenir, je ne vois pas comment j’aurais pu m’en sentir coupable. Ce serait en fait comme si on disait que c’était aux petits-enfants d’assumer la culpabilité de leurs aïeux, un comble ! Non franchement, à moins de remonter à la prétendue culpabilité relative au fameux péché originel auquel je ne crois guère, je ne comprenais pas de quelle culpabilité il parlait, d’autant que si jamais il s’agissait finalement bien de cette culpabilité originelle dont il aurait pu s’agir, j’aurais trouvé très injuste d’avoir à l’assumer seul. Et puis, il a fini par m’expliquer la différence qu’il y avait entre être coupable et se sentir coupable. On peut en effet, ce qui fut pour moi une découverte, n’être coupable de rien et se sentir coupable de tout ou presque. Et bien sûr à l’opposé, on doit aussi pouvoir trouver des individus coupables du pire et qui ne se sentent coupables de rien. Je pense par exemple à Adolf Eichmann qui au cours de son procès avait plaidé non coupable dans la mesure où il se disait n’avoir été en fait que le maillon d’une chaîne et n’avoir fait qu’obéir aux ordres, ce qui était à mon avis oublier un peu vite qu’il n’était pas qu’un simple exécutant mais bien une pièce maîtresse du dispositif auquel il avait participé, un peu à l'image de ces responsables qui profitent des avantages, et notamment du salaire, liés à leur position quand tout va bien, et qui une fois que les choses tournent mal veulent bien à la rigueur assumer le fait d’avoir été aux responsabilités mais sûrement pas d’être déclarés coupables, comme si bien sûr les deux n’allaient pas forcément ensemble.

Et puis il y a aussi ceux qui avant même qu’on ne les accuse de quoi que se soit, se sentant au fond peut-être coupables de ce dont ils accusent les autres, préfèrent attaquer avant d’être mis en cause, l’attaque pouvant, pensent-ils sûrement, être parfois la meilleure des défenses.

C’est ainsi, me semble-t-il, que les adversaires de Greta Thunberg, qui, pour qu’on ne vienne pas les accuser d’être les vrais collapsologues (*), dégainent en fait les premiers et l’accusent d’être ce dont ils redoutent d’être accusés un jour. Car en effet, quand on y réfléchit un peu, on ne peut que se dire que ceux qui vraiment conduisent au collapsus sont précisément ceux qui conseillent en gros de ne rien faire, de continuer sur la lancée sans trop rien changer, et non Greta Thunberg qui justement se bat pour qu’on écoute ce que disent les scientifiques qui s’occupent du climat et qu’on fasse ce qu’ils suggèrent pour éviter justement cet effondrement, ce collapsus. C’est comme si, inconsciemment ou pas, ils rejetaient, avant qu’on ne se mette à le faire à leur égard, leur propre faute sur celle ou ceux qui pourraient éventuellement, estiment-ils, la leur reprocher.

Ah quand même culpabilité quand tu nous tiens … mais jusqu’où iras-tu ?

(*) En effet, pour imager un peu la situation, on peut dire que nous sommes tous dans le même véhicule, avec devant nous un mur qu’on ne peut plus éviter même si on se mettait à freiner des quatre fers. Tout au plus pouvons-nous agir sur la vitesse à laquelle on se dirige vers ce mur. Et puisque ralentir est ce que conseillent les scientifiques, ceux qui au contraire conseillent de continuer à la même vitesse, voire d’accélérer, seraient en fait les véritables collapsoloques, ceux qui mènent réellement au collapsus le plus grave. Car évidemment foncer dans le mur à 20 Km/h n’aura pas le même résultat que d’y aller à 100 ou 150 Km/h. Dans un cas, le véhicule sera sans doute réparable et les passagers s’ils sont bien attachés ne risqueront pas grand-chose, alors que dans l’autre cas, non seulement le véhicule sera bon pour la casse mais en plus les passagers, même attachés, s’ils ne sont pas morts seront probablement très grièvement blessés, voire handicapés à tout jamais.

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