Femme, je te hais pour ce que tu es, pour ce que tu n’es pas, pour ce que tu ne seras jamais. Je te voulais mienne et t'aurais fait reine, mais tu m'as opposé ta haine. Alors à présent, je te hais pour l'éternité. Ainsi parla l’homme qui avait été rejeté par la femme qu’il disait aimer et voulait posséder.
Homme, je te hais pour ce que m’as fait, pour ce que tu ne m’as pas fait et pour ce que tu ne me feras plus jamais. Je ne serai jamais tienne et ne l'aurais jamais été. Je suis et resterai toujours mienne, quand bien même tu m'aurais fait reine. J'ai pourtant tellement espéré, mais maintenant je te hais à tout jamais. Ainsi répliqua la femme qui avait refusé de se laisser posséder et se sentait abusée.
S’en suivit une guerre de laquelle naquit pourtant, quelque part dans le comté d’Essex, un garçon qui eut beaucoup de mal à grandir entre un père très macho et sa mère féministe. Il eut une existence tourmentée tant petit qu’une fois devenu grand, partagé qu’il était entre ces deux parents si différents, si antagonistes qu’il avait bien du mal à imaginer qu’ils eurent pu s’aimer ne serait-ce qu’un jour pour que, lui, finisse par voir le jour. Déchiré, était le mot qui lui convenait le plus. Fallait-il qu’il s’identifie à son père auquel, maintenant qu’il était devenu un homme, il se devait de ressembler ? Devait-il au contraire prendre le parti de sa mère et gommer la virilité que son père avait toujours voulu lui insuffler ? Il ne savait plus sur quel pied danser et en était très perturbé.
Il vécut ainsi tant bien que mal au fil de ses rencontres avec les femmes de sa vie qui voulurent pour certaines mettre sa masculinité sur un piédestal quand d’autres voulaient au contraire plutôt la gommer. Il eut du coup la tentation des expériences extrêmes pour essayer sans vraiment y parvenir de se déterminer quant à son identité si instable et précaire. Il s’isola alors pour mieux réfléchir et peut-être enfin se définir tel qu’il était vraiment ou tel qu’il voulait devenir, et en souffrit beaucoup, quand au soir de sa vie alors qu’il entendit à la radio la chanson d’un dessin animé pour enfants se déroulant me semble-t-il quelque part en hiver, il se mit à détourner les paroles de cette chanson et à fredonner ce petit refrain d’un air enfin enjoué : « Libéré, délivré, je ne me laisserai plus jamais enfermer, dans ce rôle viril qu’on a trop voulu me faire jouer … ». Mais, mais, mais … néanmoins bien qu’amusé par cette petite parodie musicale, il se dit qu’il n’était peut-être après tout pas si mauvais de cultiver une certaine masculinité qui, concluait-il, finalement au terme de cette vie chaotique, ne devait cependant jamais rimer avec virilité hélas trop souvent associée à l'agressivité et dont le culte, pensait-il, était peut-être bien sinon la cause, probablement la source de bien des maux de cette société.
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