J’ai toujours entendu dire qu’après la fin du monde, il devait y avoir ce qu’on appelle le Jugement Dernier. J’ai toujours cru que ça n’était que des fadaises, mais maintenant qu’on est apparemment en train de peut-être vivre la fin du monde, je commence à me demander : et si finalement c’était vrai ?
La fin du monde, je n’y croyais pas non plus. On l’a tellement annoncée depuis tellement longtemps qu’on a tous plus ou moins considéré que ça n’était que des conneries d’illuminés, un peu comme on finit par se lasser des appels incessants au loup lorsqu’on n'en voit jamais ne serait-ce que le bout de la queue.
La fin du monde, on la prévoyait en l’an 1000, puis en l’an 2000, voire même en 2012. On se la représentait comme une échéance devant arriver à une certaine date, et aujourd’hui on s’aperçoit qu’il fallait plus la voir comme une durée que comme une date, une période qui aurait commencée on ne sait pas exactement quand au juste et qui serait en cours pour on ne sait pas précisément combien de temps. Un processus en somme qui serait en train de se dérouler sous nos yeux et qu’il serait encore possible pour certains d’arrêter, d’atténuer ou peut-être même d’inverser, ce dont bien sûr ceux qui n’y croient pas, ou refusent catégoriquement de modifier leur mode de vie actuel, n’en veulent absolument rien entendre.
Moi personnellement l’idée qu’on puisse un jour être jugé, je trouverais ça finalement plutôt juste d’une manière générale : que les salauds soient sanctionnés et les vertueux récompensés me semblerait à priori quelque chose de plutôt bien, et j’aurais même tendance à y aspirer, bien que je sois sans doute loin de n’avoir fait que des bonnes choses au cours de ma vie, encore que comparé à d’autres ces choses pas très glorieuses pourraient largement apparaître comme dérisoires et insignifiantes.
Je pense par exemple à ces mafieux qui commettent les pires crimes qui soient et qui pensent être pardonnés parce que le dimanche ils vont prier à l’église ou respectent par ailleurs un certain code moral. Que dire aussi de ceux qui commettent des attentats au nom de ce Dieu qui leur aurait pourtant dit « Tu ne tueras point » et qui croient qu’en tuant infidèles, homosexuels ou je ne sais quelle autre catégorie de la population, ils iront au paradis où les attendraient des vierges à foison. Quid à ce propos des femmes kamikazes qui se font exploser au nom de ce même Dieu, seront-elles attendues au paradis par des dizaines de puceaux prêts à les adorer, ou est-ce que ce traitement n’est réservé qu’aux terroristes du genre masculin ?
Franchement, je pense que même les enfants qui sont pourtant habitués à ce qu’on leur raconte des histoires de Père Noël n’y croiraient pas.
Mais il faut croire qu’on ne croit vraiment qu’en ce en quoi on a vraiment envie de croire.
Les hommes politiques l’ont très bien compris, eux qui pour se faire élire savent qu’il faut toujours raconter aux électeurs ce que les électeurs ont envie d’entendre. Avec les religieux, c’est un peu la même chose, ils savent très bien qu’il faut toujours servir aux gens la soupe qu’ils ont envie de manger pour espérer qu’ils la mangent vraiment, et non pas la soupe qu’ils aimeraient les voir manger alors qu’ils n’en ont aucune envie, de cette soupe-là. D’ailleurs, de tout temps, hommes politiques et hommes religieux n’ont-ils pas cheminé côte à côte ? Le Pape, pour ne parler que de lui, n’est-il pas aussi un homme d’État ?
Ceux qui mentent pour se faire élire ou racontent aux gens ce que les gens ont envie d’entendre sont certes coupables, mais ceux qui les écoutent aussi le sont. Ainsi Hitler avait des idées folles, on peut donc dire qu’il était fou même s’il n’avait pas à proprement parler de maladie psychiatrique, encore que certains en débattent, mais les gens qui l’ont écouté, et qui ont sciemment voté pour lui, étaient encore plus fous de mon point de vue. Soit ils avaient perdu la raison, soit ne l’ayant jamais vraiment eu ils ne pouvaient dès lors pas la perdre, mais ils étaient bel et bien fous d’avoir cru à pareille folie.
Et bizarrement, ce sont plus ou moins aujourd’hui les mêmes idées qui reviennent sur le devant de la scène. Faut-il n’y voir qu’une simple coïncidence ou quelque chose de beaucoup plus profond, du genre apocalyptique ? Moi je trouve ça juste étrange en espérant néanmoins fortement m’en faire pour rien, m’inquiéter sans raison, et qu’à la fin les choses finiront bien. Mais j’ai quand même un doute que j’aurais franchement bien aimé qu’on m’ôte.
Alors que faire maintenant ? Eh bien personnellement je pense qu’il n’y a hélas peut-être plus à présent qu’à croiser les doigts.
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