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La jeune garce

Alain G

Dernière mise à jour : 10 mai 2021

Garce vient de garçon. Autrement dit, quand un gars se comporte comme un garçon, rien de plus normal, mais quand une fille se comporte comme un gars, alors ça devient une garce. Bizarre, non ? Étudiante en psychologie, 21ans, Rose est une belle fille qui sait ce qu’elle veut ou plutôt ce qu’elle ne veut pas. Ambitieuse, elle ne veut pas d’une vie minable comme elle dit. En dessous de 3000 euros par mois, c’est un strict minimum, les garçons ne l’intéressent pas. C’est un principe chez elle : elle baise utile. Bien sûr, elle ne dirait pas non à un bel apollon, mais le risque de s’attacher étant trop grand, elle préfère s’abstenir et s’en tenir à son principe. Pour ça, Internet est très pratique : on peut faire sa sélection et choisir en fonction de ses critères. Les propositions ne manquent pas, y a plus qu’à faire son marché. Le dernier sélectionné s’appelle Victor. Jeune avocat, 28 ans, il est le client idéal bien que encore un peu juste financièrement, il est néanmoins prometteur. Physiquement, pas désagréable, il ferait un bon mari. Issu d’un milieu bourgeois, il est poli et bien éduqué, avec un côté timide qui n’est pas pour lui déplaire. Malléable, elle pourrait en faire ce qu’elle veut. Son précédent candidat n’était pas mal non plus : docteur en médecine, il entamait une spécialité en urologie, mais trop dominateur, elle n’aurait pas pu le manipuler à sa guise. Victor, lui, n’avait pas ce défaut.

La première rencontre eut lieu dans un café. Elle arriva en retard bien entendu, histoire de se faire désirer et de tester son degré de patience. Il ne lui en fit aucun reproche : un bon point pour lui. La conversation fut instructive bien que banale et se termina chez lui. Elle avait accepté de le suivre, curieuse de pouvoir visiter son intérieur et notamment ses toilettes, car l’état des toilettes en apprend beaucoup sur le degré de propreté de son propriétaire pensait-elle. Rassurée, elle accepta de boire un dernier verre mais refusa de passer la nuit en sa compagnie. Afin d’attiser son désir, pas question de baiser la première fois, juste un baiser pour lui donner l’envie d’y revenir.

La deuxième rencontre eut lieu chez elle, mais pour cela il dut attendre et la solliciter à de très nombreuses reprises. Il se passa bien deux semaines avant qu’ils ne se revoient. Entre deux la discussion continua mais se fit par mails et téléphone. Il fallait le chauffer un peu mais pas trop. Malgré son jeune âge, elle savait déjà parfaitement comment y faire avec les garçons. Elle n’avait pas l’intention de se laisser enfermer dans une relation dont elle n’aurait pas les clefs. C’est elle qui porterait la culotte, il n’y avait pas à y revenir. C’était à prendre ou à laisser. Et elle ferait tout pour y arriver. Chez elle, ils flirtèrent à nouveau mais prétextant qu’elle avait ses règles pour en rester là, ils n’allèrent pas plus loin. Il accepta l’excuse et n’insista pas, ce qui la conforta dans son choix. Décidément, c’était le bon client, celui avec qui elle allait peut-être faire affaire, se dit-elle.

A la troisième rencontre, ils baisèrent enfin mais avec capote bien sûr, même s’il aurait sans doute préféré sans dans la mesure où elle lui avait avoué prendre la pilule. Mais la tête bien sur les épaules, il en était hors de question pour Rose, et il se plia bien sûr à son exigence.

Puis les rencontres se succédèrent aux rencontres et amoureux, Victor lui proposa de vivre ensemble. Elle aurait volontiers accepté dès la première fois, mais il fallait le faire mijoter un peu et le laisser la relancer plusieurs autres fois avant qu’elle ne daigne accepter, un peu comme si elle lui faisait une faveur en acceptant alors que c’était en fait tout le contraire. Il lui proposa de faire un emprunt afin de s’installer dans un immeuble plus grand que celui dans lequel il vivait qui pourtant était déjà pas mal. Ses parents allaient servir de caution et ils pourraient enfin mener leur vie de couple en toute liberté. Elle était ravie. Son plan avait fonctionné à merveille. Le mariage n’était pas encore en vue, mais ça en prenait la direction. Et en effet, quelques mois plus tard, ce qui devait arriver, arriva : le mariage fut programmé ! Pour enterrer sa vie de jeune fille, elle sortit en boîte avec ses copines faire les folles, danser, s’amuser, et regarder les garçons. Vint à passer Xavier, le fils d’un des voisins des parents de Rose. L’une d’elles, Anne, s’exclama alors : « Waoooh, super mignon celui-là », Rose répliquant aussitôt : « Mignon sans doute mais je le connais, dommage qu’il soit au chômage ».

- Anne : Je me le ferais bien quand même.

- Rose : Oui mais attention à ne pas t’attacher, tu vaux mieux que ça tout de même !

Anne flirta et Rose s’en amusa. Le jour du mariage arriva et Anne vint accompagnée de Xavier au grand dam de Rose qui ne comprenait pas qu’on puisse être bête à ce point là. Et c’est ainsi que Rose commença sa vie de femme mariée. Elle était radieuse, elle avait réussi à obtenir ce qu’elle voulait et en était fière. Elle au moins ne raterait pas sa vie. Les années passèrent et Rose devint DRH d’une société anonyme d’envergure nationale. Chargée des recrutements externes mais surtout des promotions internes, elle était très courtisée par ses collègues et notamment par le bel Adrien qui lui faisait des avances à peine voilées. Elle en fit son amant dans l’espoir d’en faire aussi le père de son premier enfant car génétiquement parlant il avait des caractéristiques que son cher époux n’avait hélas pas aussi bien que lui. Adrien quant à lui ne visait que son ascension professionnelle au sein de son entreprise, Rose lui servant exclusivement de tremplin à cet effet.

Quand Rose fut enceinte, elle rompit mais favorisa la carrière d’Adrien qui ne demandait que ça. Bref tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.

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