Le gentil est sympathique, aimable, sage, mignon, charmant, agréable, plaisant, amical, attentionné, poli, bon, honnête, bienveillant, engageant, prévenant, courtois, droit, intègre, probe, vertueux, altruiste, etc. … Le malin est intelligent, fin, futé, débrouillard, dégourdi, perspicace, adroit, habile, rusé, subtil, avisé, malicieux, espiègle, taquin, spirituel, perfide, fourbe, méchant, lucide, astucieux, machiavélique, roublard, etc. … Dévoiement de notre époque, le gentil passe aujourd’hui pour être niais, alors que les malins sont souvent pris pour exemple. Malin était pourtant le nom donné jadis au diable en personne. Entre les deux son cœur balançait. Les deux l’attiraient mais elle ne pouvait en choisir qu’un seul comme mari, car c’est de mariage dont il était question. Les deux la pressaient de leurs avances, mais elle ne savait plus comment faire pour se donner du temps afin de laisser son cœur faire son choix. Elle les invita tous deux à manger chez elle. Le gentil la remercia en lui faisant porter des fleurs, quant au malin, qui se disait bon cuisinier, il lui proposa de venir l’aider à préparer le repas. Il insista avec tant d’habileté qu’elle ne put qu’accepter. Le malin croyait ainsi marquer un point : en préparant le repas, il pensait aussi préparer le terrain. Le soir arriva et le gentil frappa à la porte qu’elle vint ouvrir. Le malin qui avait passé la journée en sa compagnie à préparer le repas était déjà attablé autour d’un apéritif. Le gentil qui croyait être le premier fut un peu surpris de voir son concurrent déjà présent et installé, mais sa gentillesse naturelle le poussa à le saluer avec courtoisie. Le malin lui rendit son salut avec aux lèvres un sourire qui dissimulait à peine son autosatisfaction. Elle fit asseoir le gentil et lui servit un apéritif qu’elle consomma en leur compagnie discutant du temps qu’il avait fait et de celui qu’il ferait demain. Puis, elle s’absenta pour se rendre en cuisine chercher l’entrée qu’elle apporta sur la table du salon. Entre temps les deux invités se sourirent gentiment mais ne s’adressèrent guère la parole, le gentil par gêne et le malin par calcul destiné à déstabiliser et embarrasser celui qu’il tenait pour adversaire. Les plats se succédèrent entrecoupés de conversations tournant autour des actualités tant locales que nationales. L’atmosphère était relativement détendue. Vint le moment de prendre le café qui était celui choisi par elle pour leur poser quelques questions relatives notamment aux enfants. Elle n’en voulait qu’un seul, voire deux maximum, si possible une fille et un garçon. Le gentil approuva ce choix agréablement, le malin l’accueillant tout aussi favorablement en se disant que de toute façon, s’il devenait son mari il aurait alors tout le loisir de la faire changer d’avis au besoin plus tard. Satisfaite par cette réponse de la part de ses invités, elle poursuivit sur le terrain de l’éducation que chacun envisageait pour sa progéniture. Le gentil qui pensait que cette question devait être l’affaire du couple et non d’un seul des deux parents se garda de lui donner un avis, tandis que le malin, plein de finesse, lui tint un discours enflammé sur l’ambition qu’il plaçait dans l’éducation de ses enfants, à laquelle bien sûr il entendait faire participer son épouse. S’en suivi une petite causerie sur laquelle elle espérait pouvoir s’appuyer pour faire son choix entre ses deux prétendants.
-Elle : Que ferez-vous si votre enfant ne satisfait pas à votre attente ? -Le malin : Je lui fournirais tous les moyens nécessaires pour qu’il réussisse aussi bien que possible ses études -Le gentil : Je verrais avec mon épouse ce qu’il convient le mieux à l’épanouissement de notre enfant. -Elle : Mais s’il se trouvait que votre enfant soit un cancre, comment réagiriez-vous ? -Le malin : Je ne crois pas qu’un enfant soit cancre par nature. S’il l’est, c’est souvent parce que son environnement n’aura pas su solliciter sa curiosité naturelle pour les choses de la vie. Je crois qu’un enfant a naturellement envie d’apprendre pourvu qu’on lui mette à disposition tous les moyens nécessaires. Je crois à l’exemplarité des parents, qu’un enfant a tendance à imiter ses parents et qu’il est donc de la responsabilité des parents de faire en sorte que l’enfant s’identifie à eux. C’est aux parents de donner à leur enfant le goût d’apprendre, le goût pour la lecture en faisant en sorte de lire eux-mêmes avec plaisir. -Le gentil : Si vraiment il était cancre, je ne l’en aimerais pas moins et tâcherais de faire avec mon épouse ce qu’il y a lieu de faire pour qu’il s’épanouisse au mieux. -Elle : Êtes-vous pour le châtiment corporel ? -Le malin : Je crois que le châtiment corporel n’est pas nécessaire à partir du moment où l’enfant prend plaisir à apprendre, ce que je tâcherai de lui transmettre. -Le gentil : Personnellement je suis contre. Puis comme il se faisait tard, le gentil manifesta son intention de se retirer, le malin prétexta quant à lui qu’il n’avait pas fini sa liqueur pour rester encore un peu. Le gentil parti, le malin en profita pour renouveler ses avances à sa bien-aimée qui cette fois y céda. Elle avait compris au cours de ce repas que malgré toutes les qualités du gentil elle finirait par s’ennuyer en sa compagnie et avait finalement décidé de succomber au charme du malin.
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