On a généralement tendance à prendre les malades mentaux pour des fous, et il est vrai que nombre d’entre eux ont perdu la raison, mais pas tous. Il y a même des malades mentaux très lucides, y compris sur leurs propres maladies. A l’inverse, il y a plein de gens considérés comme sains d’esprit qui ont toutefois perdu la raison, et qui l’ignorent. Les plus dangereux parmi tous les fous, car Bouddha, me semble-t-il, aurait dit qu’il y a deux sortes de fous, les fous qui se savent fous (et qui par conséquent peuvent être sauvés) et les fous qui ne savent pas qu’ils le sont (et qui eux sont irrémédiablement perdus). Des personnes de cette deuxième catégorie, on pourrait, je crois, en trouver beaucoup. Ils courent littéralement les rues.
L’exemple du fou le plus connu de notre époque moderne serait à mon avis Hitler, non pas que je prétende qu’il avait un problème de santé mentale, encore que de nombreux psy en débattent toujours, mais assurément il faut vraiment avoir perdu la raison pour penser qu’il y a réellement sur Terre des surhommes et des sous-hommes. Et bien, même si on va peut-être me traiter de fou pour affirmer ce que je vais dire à présent, moi je crois très fortement que si on faisait la tournée des bistrots, on n'aurait aucun mal à trouver des individus pires qu’Hitler, et même très largement. Ils n’en sont bien sûr pas conscients, et c’est peut-être ça le problème, l’absence de prise de conscience qui les caractérise en général.
Je me souviens en effet par exemple, il y a très longtemps, entre 30 et 40 ans de cela, avoir entendu aux infos de treize heures une femme qu’on interrogeait dans la rue sur la situation au proche ou moyen orient (qui déjà était en ébullition), répondre, avec le sourire si je ne me trompe pas, que si ça ne tenait qu’à elle, elle ferait de cette région un vaste parking. Autrement dit, si je ne déforme pas ses intentions, si elle avait pu, elle y aurait largué le nombre de bombes atomiques nécessaires pour ne plus en entendre parler, sans se soucier de savoir que sous ces bombes se trouveraient des enfants, des femmes, des vieillards … totalement innocents, car n’ayant jamais participé, de près ou de loin, aux actions belliqueuses qui ont pu faire dire à cette femme que cette région méritait d’être tout bonnement rayée de la carte.
On me dira peut-être qu’on peut avoir des idées folles et ne pas être fou pour autant.
En tout cas, pour moi les vrais fous ne sont pas forcément les malades mentaux, que généralement leur maladie fait souffrir, mais ceux qui ont perdu la raison et qui souvent l’ignorent, et qui donc par conséquent n’en éprouvent aucune souffrance, n’en ayant pas conscience, à la différence des malades mentaux, du moins parmi eux, ceux qui se savent malades, avec toute la lucidité qui en revanche fait défaut à tous ceux qui sont fous sans le savoir.
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