D’aucuns préféreront peut-être le terme de prédateur, je préfère quant à moi les appeler "les guerriers", car je crois que leur grand plaisir, ou au moins désir, c’est de se battre … et qu’il y ait guerre ou pas importe finalement que très peu.
Il y a toujours eu des guerriers, chez les indiens d’Amérique, en Afrique ou ailleurs, et tous n’étaient pas forcément soldats ou mercenaires, mais rebelles ou pirates par exemple, tout comme d’autres aujourd’hui peuvent être hooligans ou casseurs, bref tous des violents, des brutes, des durs, des mâles, des hommes quoi. Ne me disait-on pas, petit, que je deviendrai un homme quand j’aurai fait mon service militaire, au cours duquel bien sûr, entre autre, j’apprendrai à manier des armes, à les utiliser ? Mais les utiliser dans quel but ? Pour tuer, pardi ! Ainsi, on deviendrait un homme quand on serait en mesure de tuer. Personnellement, je n’ai fait que trois mois de service militaire sur douze. Je ne suis donc mathématiquement qu’un quart d’homme selon cette définition, sans pour autant être trois quarts de femme pour le reste, car n’étant pas du sexe féminin et ne me sentant pas femme, j’en serais somme toute réduit à n’être qu’un quart d’homme pour trois quarts de rien, un rien situé quelque part dans un no man’s land tout simplement humain. Et à vrai dire n’être qu’un quart d’homme suivant cette définition me conviendrait plutôt pas mal.
Aujourd’hui, à moins de se battre pour une juste cause dans le cadre d’une armée régulière, se revendiquer guerrier est plutôt mal vu, mais ça n’a peut-être pas toujours été le cas. Il fut semble-t-il un temps pas si éloigné que ça où c’était même une sorte d’honneur que d’en être un, à l’époque des samouraïs par exemple, non ? Certes quand il est question d’honneur, il est souvent aussi question de code d’honneur qu’on a cependant du mal à retrouver chez ceux qu’on qualifie peut-être trop facilement de barbares, et d’ailleurs qu’est-ce que l’honneur ? Il y a donc toujours eu des guerriers, mais très peu, voire peut-être même jamais de guerrières, car oui la violence semble bel et bien avoir un sexe et il est indiscutablement masculin. Personnellement, j’en ai fait l’expérience à de nombreuses reprises. Jamais en effet, que cela soit dans la cour de récréation, dans la rue ou ailleurs, je ne me suis fait agressé ou provoqué en duel par une femme ou une fille, alors que croyez-moi des mecs, il y en a eu un paquet. Mais, il faut dire aussi que le seul un jour à prendre ma défense alors qu’on cherchait une énième fois à me provoquer, fut UN camarade, et non pas UNE camarade, ce qu’on peut bien sûr comprendre. En fait, c’est un peu comme les chiens et les chats : jamais, ô grand jamais je ne me suis fait poursuivre par un chat qui m’aboyait dessus et cherchait à me mordre, alors que des chiens, il y en a eu là aussi un paquet. Et ne me faite pas dire que je compare les hommes à des chiens et les femmes à des chats, car figurez-vous que chez les chiens, il y a aussi des chiennes qui peuvent même être parfois plus agressives que les mâles et qu’à ma connaissance tous les chats ne sont pas des chattes. C’est juste une image pour illustrer mon propos qui consiste à dire que même si tous les hommes ne sont pas violents et de loin, 100% des hommes violents étaient et sont des hommes et non pas des femmes, tout comme 100% des chiens méchants sont des chiens et non pas des chats. Alors, personnellement, quand il m’arrive de croiser, surtout le soir dans une ruelle sombre par exemple, un inconnu, je suis toujours sur mes gardes, alors que ça ne me fait jamais ça quand je croise une fille ou femme, ou même plusieurs. Pareil avec un chien, surtout s’il est grand, alors que même en bande les chats ne me feront jamais cet effet. En revanche, il est vrai aussi que si jamais je me faisais agresser un jour (ou un soir), et qu’à mes côtés j’avais un chien (ou une chienne), je pourrais plus sûrement compter sur lui (ou sur elle) pour me défendre que sur un chat (ou une chatte), voire même sur plusieurs chats (ou chattes) le cas échéant.
D’où la question suivante : et si la guerre, ou la compétition qui n’est somme toute qu’une forme atténuée de guerre, qu’elle soit économique, politique ou autre, était en fin de compte le moteur même de la virilité, ou à la rigueur l’un de ses moteurs principaux ? C’est à craindre, car il faut bien l’admettre le pouvoir est masculin et jamais notre société dirigée, admettons-le majoritairement par les hommes, n’acceptera de remplacer son moteur principal, la compétition, par la coopération. Aussi les guerriers que certains auraient bien aimé voir disparus de nos sociétés modernes sont et seront bel et bien toujours là. Je pense en effet que ces hommes (et peut-être aussi femmes en moindre quantité), que la compétition excite, quand ça n’est pas carrément la guerre qui les met dans cet état d’excitation extrême, sont toujours présents dans la société et probablement dans les mêmes proportions qu’ils ne l’étaient hier et que sans doute ils le seront encore demain, sauf révolution des esprits peut-être.
Pour finir, il me semble que pacifistes (hommes ou femmes) et guerriers (surtout hommes), ont toujours dû cohabiter sur cette planète, l’hypocrisie (*) étant en fait là comme l’huile dans les rouages, pour permettre cette cohabitation qui sinon aurait été remplacée par l’asservissement pur et simple des pacifistes par les guerriers. L’hypocrisie, c'est somme toute une sorte de concession faite par les guerriers aux pacifistes, qui sans cela auraient été asservis à moins d’être éliminés ou enrôlés de force, concession par ailleurs qu’ils font non pas par plaisir mais par nécessité, car fort heureusement les guerriers ont toujours été, du moins je l’espère, beaucoup moins nombreux que les pacifistes. Bien moins nombreux, certes, mais largement plus actifs et persuasifs que les non-violents. Et en définitive, il faut croire que la guerre fascine même les plus pacifistes quelque part au fond d’eux pour qu’ils soient si facilement entraînés à toujours, ou presque toujours, suivre les guerriers dans leurs projets de guerre quels qu’ils soient. Faux ?
(*) S’ils étaient honnêtes en effet, dans la mesure où ils ne respectent vraiment que la force, les vrais guerriers diraient la vérité aux pacifistes, à savoir qu’ils n’ont que haine et mépris pour les faibles, et donc pour les pacifistes qu’ils sont, à cause notamment de leur manque de courage, car à leurs yeux s’ils sont pacifistes c’est bien évidemment parce qu’ils n’ont pas le courage de se battre. Mais s’ils leur disaient la vérité, malgré leur attachement à la paix qui ne va toutefois pas jusqu’à se laisser tuer ou asservir, les pacifistes s'uniraient s’organiseraient, s’armeraient, se défendraient et, étant les plus nombreux, l'union faisant la force par ailleurs, l’emporteraient au bout du compte, les guerriers étant dès lors bien obligés d’avoir recours à l’hypocrisie pour pouvoir continuer encore à avoir ponctuellement ici ou là des occasions d’assouvir leurs désirs de violence.
Sauf que bien sûr tout cela reste très théorique, car dans la réalité les choses sont beaucoup plus complexes. En effet, de même qu’il existe des civils (qui ne sont donc pas des soldats et qui par conséquent n’ont pas à priori le statut de guerriers) qui sont de véritables "va-t’en guerre" (y envoyant allègrement les autres sans toutefois la faire eux-mêmes), il y a aussi des soldats qui s’engagent dans l’armée non pas pour faire la guerre mais pour défendre la paix, des guerriers pacifistes en somme par opposition à ceux qui prennent vraiment plaisir à tuer, massacrer, humilier, soumettre, torturer, asservir ... même s’il y aura toujours des naïfs qui refuseront obstinément de croire que de pareils individus puissent véritablement exister.
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