top of page
Rechercher
Alain G

Pour ton bien

Dernière mise à jour : 31 mars 2022

C’est pour ton bien si je te punis. C’est pour ton bien que je te fais mal. Qui n’a pas entendu ses parents, ou l’un d’entre eux, tenir ce discours quand il était petit ? Et d’une manière générale n’est-ce pas là, mais bien sûr avec d’autres mots, en usant le cas échéant d’un vocabulaire plus châtié, la façon que les personnes qui ont autorité sur vous, flics, profs, autorités administratives ou autres, utilisent pour vous culpabiliser et se déculpabiliser du même coup ? Mais ne vous êtes-vous jamais demandé si au fond quand un père (pour prendre le cas le plus simple) punit son fils, ou sa fille, en lui disant que c’est pour son bien qu’il lui fait mal, ce n’était pas aussi au moins un peu pour son bien à lui ? En effet, on voudrait tous croire que ce père comme tous les pères du monde entier, mais aussi les mères quand ça leur arrive, et d’ailleurs plus souvent qu’on ne le croit, n’ont d’autre intention en punissant leur enfant que de vouloir le corriger, pour qu’il ne fasse plus la même erreur ou ne commette plus la même faute. On voudrait tous croire que ce père, comme n’importe quel autre père, est vraiment obligé de se faire violence pour punir son enfant, qu’il est lui-même contraint de se faire mal pour en arriver là, qu’il ne le fait pas par gaîté de cœur mais que ça lui coûte au contraire beaucoup de le faire. Mais est-ce vrai ? Et si ce père éprouvait aussi, même s’il ne l’admettra jamais, ô grand jamais, une certaine jouissance à exercer sa toute puissance sur son enfant, plaisir interdit qu’il refoulerait aussitôt plus ou moins en se cachant derrière la nécessité qu’il a de faire ce qu’il a à faire pour honorer son rôle de père, son devoir de punir, de corriger sa progéniture !


Hector, père de deux enfants ni plus obéissants ou turbulents que n’importe quel autre enfant, était un homme plutôt effacé, terne dirait-on si l’on voulait être méchant. Au boulot, il aurait bien voulu pouvoir exercer son autorité sur ses collègues qui le prenaient trop souvent de haut, car en fait de l’autorité il n’en avait pas, un peu à l’image de ces profs, certainement très qualifiés dans leur domaine, mais qui n’arrivent pas à se faire respecter par leurs élèves. On dira gentiment qu’ils sont compétents mais manquent de pédagogie, mais en fait surtout d’autorité qui me semble être plutôt quelque chose de naturel et non quelque chose qu’on acquiert, et personnellement, si je puis me permettre, quelque chose que je n’aime pas trop sauf peut-être quand j’adhère à cette autorité de mon plein gré, et en principe dans l’intérêt général, car très souvent en réalité derrière le mot autorité se cache la capacité à faire peur aux autres. En effet, en général on craint l’autorité, et moi j’ai quand même beaucoup de mal à aimer ce(ux) qui me fait (font) peur, pas vous ?

Hector, lui, aurait bien aimé aussi qu’on le craigne un peu, qu’on le respecte, mais pas de chance il était plutôt de ceux qu’on ne redoute guère.

A la maison aussi il aurait parfois aimé exercer son autorité sur sa conjointe, mais là encore pas de chance sa femme n’était pas du genre à se laisser faire, d’autant que le salaire de son épouse était par ailleurs légèrement supérieur au sien, ce qui avait tendance à le mettre mal à l’aise, à le dévaloriser, à le diminuer par rapport à elle.

Il n’y avait donc guère qu’avec ses enfants qu’il pouvait exercer cette autorité qui lui faisait tellement défaut partout ailleurs. C’est donc non sans une certaine satisfaction parfois à peine dissimulée qu’il prenait à cœur son rôle de père, quand son épouse enfin venait lui demander de bien vouloir se montrer digne du père qu’il était, en châtiant l’un de ses enfants, si ce n’est les deux. Là enfin, il était un homme respecté et craint qui pouvait exercer sa toute-puissance sur ces êtres qu’il avait sous sa responsabilité, ou devrais-je dire sous sa coupe. Mais hélas pour lui, heureusement pour eux, ce n’était pas tous les jours, alors il fallait vraiment bien en profiter les rares fois où cela arrivait.

Croyez-vous vraiment qu’il était le seul père à ressentir cela ? Moi perso, j’en doute fort. Mais bon, ça n’engage que moi après tout ! Et vous, vous en dites quoi ?

5 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Hypocrisie

Si on me demandait quel serait pour moi le comble de l’hypocrisie, je dirais que les exemples en la matière ne manquent certes pas, mais...

Sacrifice

Je n’ai pas la religion du sacrifice, mais je pourrais éventuellement faire le sacrifice de ma vie pour quelqu’un que j’aime ou, le cas...

Évolutionnaire

Quand j’étais jeune, j’avais, comme beaucoup d’autres jeunes je pense, une vision très idéalisée de la révolution. Et puis j’ai vieilli...

Comments


bottom of page