top of page
Rechercher
Alain G

Si j'avais su, j'serais pas venu

Dernière mise à jour : 3 janv.

Quand je repense à mes jeunes années, je ne sais pas si j’y croyais vraiment, mais j’espérais sûrement comme beaucoup qu’il y avait quelque part dans un au-delà que je ne me représentais pas réellement, un paradis auquel le moment venu moi aussi j’accéderais. En effet, bien que je pensais déjà à l’époque au suicide, au fond de moi j’avais probablement l’espoir que la vie ne s’arrêtait pas vraiment avec la mort, mais qu’une vie meilleure, plus douce commencerait alors.

Mais ça, c’était avant que je ne finisse par me rendre compte que la vie s’apparentait en fait davantage à une punition qu’à une récompense. Alors, franchement dans ces conditions, continuer à aspirer à la vie éternelle reviendrait somme toute à désirer subir cette punition pour l’éternité, à moins bien sûr que la vie dans l’autre monde, si jamais il y en avait un, ne soit évidemment plus agréable. Mais hélas plus ça va et plus je crains qu’il n’y ait qu’un seul monde … que nous sommes d’ailleurs en train de détruire. Et ce monde, à ce que je peux voir autour de moi, est loin d’être de plus en plus doux. Bien au contraire, puisque la droitisation dont tout le monde parle, et qui est réelle (il faudrait vraiment être aveugle pour ne pas la voir, encore qu’il n’y a pas pire aveugle que celui qui justement ne veut pas voir), correspond selon moi à un durcissement général, et pas seulement en France, mais au niveau mondial. De plus, personnellement je pense que désormais on est plus dans la droitisation, mais qu’on est maintenant dans l’extrême droitisation de ce monde, qui sera donc probablement de plus en plus dur à l’avenir, si on peut toutefois considérer que nous en avons un d’avenir, un avenir du moins qui puisse donner envie d’aller à sa rencontre. Ce n’est pas très optimiste je sais, mais je ne fais pas partie de ceux qui aiment croire au père Noël. Car selon moi, ce qui nous attend ressemblerait en effet davantage au père fouettard qu’au père Noël, raison pour laquelle je suis tellement soulagé moi-même de ne pas être devenu père.

Alors peut-être vous demanderez vous pourquoi diable je m’obstine ainsi encore à vivre quand il serait si facile d’en finir, croyez-vous peut-être. Hélas non, car au risque de vous décevoir, quand un jour, ou plutôt une nuit, j’ai voulu réellement en finir, ce que j’ai ressenti alors m’a refroidi au point que je n’ai plus jamais envisagé de renouveler l’expérience. J’ai ressenti en effet un sentiment de tristesse abyssal et oppressant que je n’avais jamais éprouvé auparavant, au point d’en venir à croire que c’était peut-être ça qui nous attendait après la mort, à savoir la tristesse éternelle, et pas seulement une tristesse ordinaire, s’il en existe vraiment qui puissent être ordinaires, mais une tristesse infinie qui vous étouffe. En effet après tout, la mort c’est triste, ça rend triste, alors pourquoi ne pas imaginer que la mort ne soit en fin de compte ni plus ni moins que la tristesse elle-même. Bien sûr, depuis je me suis raisonné et j’en ai conclu qu’il s’agissait probablement là d’un mécanisme de défense cérébral inconscient. C’est en effet sans doute l’inconscient qui a mis au point ce mécanisme pour dissuader autant que possible l’individu de passer à l’acte. Mais bon, il y aura toujours un doute, qui ne m’empêchera cependant pas de passer effectivement à l’acte, si jamais je venais un jour à être atteint d’une maladie qui me fasse souffrir physiquement de manière insupportable, dans la mesure où je crois en effet qu’une douleur atroce qui dure, sans pouvoir être soulagée, devrait être de nature à faire barrage, en tout cas je l’espère, à cette tristesse, si elle cherchait à revenir pour essayer de contrarier à nouveau mon passage à l’acte.

Donc pour conclure, avec le recul qui est désormais le mien, je suis, je crois, en mesure d’affirmer que si avant de naître, on m’avait mis au courant de ce qui m’attendait, j’aurais certainement refusé. Oui en effet, sans je pense le moindre doute, si j’avais su, je ne serais franchement jamais venu … au monde bien sûr. Ô que non, et même je peux préciser que si d’aventure, on venait me proposer de renaître, même si on me jurait que cette vie-là serait meilleure que la précédente, je m’abstiendrais sans aucun regret. Non vraiment aucun. Alors ainsi soit-il.

4 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Hypocrisie

Si on me demandait quel serait pour moi le comble de l’hypocrisie, je dirais que les exemples en la matière ne manquent certes pas, mais...

Sacrifice

Je n’ai pas la religion du sacrifice, mais je pourrais éventuellement faire le sacrifice de ma vie pour quelqu’un que j’aime ou, le cas...

Évolutionnaire

Quand j’étais jeune, j’avais, comme beaucoup d’autres jeunes je pense, une vision très idéalisée de la révolution. Et puis j’ai vieilli...

Comentarios


bottom of page